Dans l'académie de Nice, l'association Unimed propose des formations aux enseignants et directeurs d'établissement pour mieux les aider à repérer ces phénomènes de radicalisation.
Comment un jeune de 15 ans, a priori bien intégré, avec de bons résultats en classe, a-t-il pu en arriver à poignarder un enseignant juif ? La question a été abondamment discutée la semaine dernière, après l'agression de Marseille. Dans le Var, l'association Unimed dispense des formations pour aider les professeurs à détecter les élèves radicalisés.
Peur de se tromper. Comment repérer ceux qui sont sincèrement radicalisés et ceux qui peuvent l'être par provocation ? Comment être sûr de ne pas en signaler à tort ? C'est exactement le problème auquel a été confronté une principale du Var, dont un élève a refusé de faire la minute de silence après les attentats du 13 novembre. "C'est un gamin qui a perdu son père il y a deux ans, qui est en grande souffrance, qui est absentéiste, etc. J'ai appelé la maman pour lui demander ce que faisait son fils au quotidien. Elle m'a dit 'il est dans la chambre, sur l'ordinateur'. Je le signale ou je ne le signale pas ?", demande-t-elle au formateur d'Unimed.
Détecter les signes de radicalisation. La réponse est oui, répond Ahmed Mekrelouf, car l'absentéisme est un des signaux qui doivent alerter. En effet, s'il n'y a pas de portrait-robot du jeune qui rejoint Daech, il y a toute une série d'indices : l'enfant qui se coupe de l'école, qui refuse d’un coup de parler à ses parents et toutes les attitudes qui rejettent les autres. "On s'éloigne des femmes, on ne les regarde pas dans les yeux", détaille Ahmed Mekrelouf. "Il y a aussi des discours, qu'ils peuvent tenir entre copains dans une cour de récréation, comme la Syrie, 'ils ont raison de faire ce qu'ils font', 'de toute façon, les musulmans sont brimés', etc. Les jeunes ne se convertissent pas à l'islam, ils se convertissent au radicalisme", explique-t-il.
Dès qu’un professeur signale un élève, une enquête discrète est menée sur son entourage, ses activités. La plupart du temps cependant il n’y a pas de danger. Dans le Var, sur les dizaines de signalements effectués, seulement six élèves sont suivis de près par les services de renseignements.