Les syndicats d'enseignants ne décolèrent pas à Toulouse. Et pour cause, un inspecteur académique aurait voulu ficher les professeurs en fonction de leur degré d'adhésion à la réforme du collège qui va entrer en vigueur à la rentrée 2016.
Trois catégories de professeurs. Lors d'une réunion de formation, un inspecteur a demandé aux chefs d'établissements de classer les profs en trois catégories. Il y avait d'abord "les opposants", les professeurs hostiles à la réforme. Ensuite, dans une deuxième catégorie étaient rangés "les indécis", autrement dit, les professeurs qui n'ont pas d'avis sur la réforme. Enfin, "les bons élèves" étaient classés dans une dernière catégorie. Ces professeurs étaient présentés comme des progressistes, voire des relais de la réforme.
"Du management extrêmement féroce". Bernard Schwartz, le secrétaire général du SNES Midi-Pyrénées est tombé de sa chaise en découvrant ces classifications. "On a énormément de réactions de collègues qui sont atterrés", assure-t-il. "Les chefs d'établissement sont sommés de faire remonter des informations sur l'état de rejet de la réforme. On est face à du management extrêmement féroce appliqué à la fonction publique".
Un classement établi avec la liste des grévistes. Le classement se voulait anonyme pour pouvoir établir des grandes tendances et repérer les établissements qui pourraient poser problème. Et pour dégager ces groupes, les principaux devaient donc se fier à leur flair mais aussi à la liste des grévistes du 17 septembre dernier. "On a l'impression qu'il y a des établissements où apparemment il y a un ventre mou qui pourrait être utilisé pour la formation à souhait et d'autres qui sont plus récalcitrants", explique Blanche, professeur d'anglais. "Ces derniers veulent juste être entendus sur les problèmes que pourra poser cette réforme".
Le rectorat dénonce cette "initiative individuelle". Le rectorat de Toulouse a finalement publié un communiqué très ferme dénonçant une initiative individuelle contraire à l'esprit de la réforme. "Dès lors qu'elle en a eu connaissance, la rectrice a convoqué l'inspecteur qui a commis cette faute afin d'en tirer toutes les conséquences", peut-on lire dans le communiqué.