Les détenus radicalisés qui s'apprêtent à sortir de prison après avoir exécuté leur peine constituent "un risque majeur", a relevé lundi le procureur de Paris François Molins, appelant à une meilleure communication entre les services pour prévenir la récidive.
Selon François Molins, une vingtaine d'entre eux vont être libérés en 2018 et une vingtaine en 2019, a-t-il dit à BFMTV. "On court un risque majeur qui est celui de voir sortir de prison à l'issue de leur peine des gens qui ne seront pas du tout repentis, qui risquent même d'être encore plus endurcis compte tenu de leur séjour en prison", a-t-il relevé.
Plus de 500 personnes actuellement en prison pour terrorisme. "Il faudra qu'on se parle beaucoup plus pour s'assurer qu'ils sont surveillés comme il faut, donc cela nécessite un travail de fond (entre) l'administration pénitentiaire, les services de renseignements, les préfectures, les acteurs judiciaires et le parquet", a ajouté le procureur, qui va quitter ses fonctions en novembre après avoir passé sept ans à la tête du parquet antiterroriste.
Actuellement, plus de 1.200 personnes écrouées pour des faits de droit commun sont radicalisées tandis que plus de 500 sont en prison pour terrorisme. "Le milieu pénitencier fait un peu office d'incubateur dans la mesure où il y a une interaction" entre ces deux types de détenus, a relevé le magistrat.
Il est "légitime" qu'un maire sache qu'un fiché S habite sa commune. Le procureur de Paris a également jugé "légitime" qu'un maire soit informé quand un individu fiché S habite sa commune, en plein débat sur le partage des renseignements entre préfets et édiles concernant les individus fichés pour radicalisation islamiste.
"Je pense qu'il est légitime que le maire d'une commune sache qu'il y a un individu fiché S dans sa commune. Cela me paraît légitime et évident", a-t-il affirmé. "Lorsqu'un maire a un fiché S dans sa commune et des renseignements sur lui, qu'il ait aussi le réflexe de le signaler au préfet. C'est un double sens de circulation et c'est là-dessus qu'il faut travailler, c'est comme ça que l'on arrivera à progresser", a-t-il ajouté.
La semaine passée, le chef de l'État Emmanuel Macron, avait esquissé la possibilité pour les maires de savoir si un individu recensé au sein du Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) habitait leur ville.
Quelque 20.000 personnes figurent dans ce FSPRT, plus restrictif que la fiche S et qui regroupe aussi bien des suspects judiciarisés ou incarcérés, que des personnes qui présentent des signes de radicalisation, sans avoir été mis en cause. Au total, 11.000 "profils actifs" y sont répertoriés et font l'objet d'une prise en compte des services.