Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné jeudi à deux ans de prison un Marseillais de 28 ans qui, depuis une bibliothèque municipale, consultait fréquemment sur internet la propagande de Daech, notamment des scènes d'exécution.
143 connexions de janvier à août. Hébergé dans un foyer du 2e arrondissement de Marseille, le jeune homme utilisait deux cartes d'adhérent de la bibliothèque de l'Alcazar. De janvier à août, il s'était connecté à 143 reprises pour visionner écrits et vidéo faisant l'apologie du terrorisme. Il a été interpellé le 9 août alors qu'il faisait des recherches sur le moyen de gagner la Libye via l'Espagne. Jugé en comparution immédiate, il avait été placé en détention dans l'attente de son procès.
Sous surveillance depuis l'été 2015. Hospitalisé en 2012 en psychiatrie à Avignon où il dit s'être converti à l'islam, le jeune homme était surveillé par les services du renseignement depuis l'été 2015, date à laquelle son père avait alerté les autorités sur les velléités de départ en Syrie de son fils. Ce signalement avait provoqué une interdiction administrative de quitter le territoire pour six mois. Son téléphone portable contenait plus de 100 vidéos dont l'une de 21 minutes montrant la décapitation de quatre hommes.
Sa défense. Devant le tribunal correctionnel, il a justifié la fréquentation de mosquées salafistes de Marseille, la consultation internet des sites terroristes et l'échange de messages avec des tiers via la messagerie Telegram notamment par sa qualité "d'apprenti journaliste" et par "un programme de recherches". Voté en juin, le texte qui réprime la consultation habituelle des sites provoquant à la commission d'actes terroristes ou en faisant l'apologie exclut du champ de la répression les consultations de bonne foi faites par certaines professions, journalistes ou chercheurs.
"Ce n'est pas parce que j'ai regardé que j'adhère", a-t-il expliqué au tribunal justifiant son désir de regagner la Syrie en 2015 par un objectif "humanitaire", à savoir "aider les réfugiés". Il a assuré avoir débuté en prison "un processus de déradicalisation" et une "prise de conscience de [son] égarement passé". Jugeant son "profil extrêmement inquiétant", le procureur avait requis deux ans d'emprisonnement, le maximum encouru.