Alexandre Benalla a martelé devant les juges, le 5 octobre dernier, les principaux arguments de sa ligne de défense quant à l’interpellation musclée d’un couple lors des manifestations du 1er-Mai, place de la Contrescarpe, à Paris. Selon Le Monde, qui a pris connaissance de son interrogatoire de près de neuf heures, l’ancien collaborateur de l’Élysée, mis en examen pour violences volontaires, réaffirme son innocence, en dépit de justifications parfois confuses, face aux magistrats.
"C’était la guerre". L’homme de 27 ans se serait en effet bien vu décerner une "médaille" pour son comportement, a-t-il dit, en réaffirmant son innocence. "J’ai fait mon devoir de citoyen", a-t-il expliqué plusieurs fois au cours de l’interrogatoire. "C’était la guerre civile. Une partie de la classe politique et des médias sont du côté des casseurs, je le déplore. J’ai fait mon devoir, et si c’était à refaire, je le referais de la même façon. Je suis fier de ce que j’ai fait", a-t-il martelé, insistant sur la violence qui régnait le 1er mai sur la place parisienne. Pour justifier sa présence sur les lieux, Alexandre Benalla a renvoyé de nouveau à la préfecture de police et assuré qu’il a eu toutes les autorisations nécessaires pour participer, au côté des forces de l’ordre, en tant qu’observateur.
Il minimise son comportement. Mais au moment de visionner les images prises place de la Contrescarpe, Alexandre Benalla s’est montré plus embarrassé. Alors qu’il assure dans un premier temps qu’un CRS lui a remis la jeune femme interpellée, les images le démentent formellement. "Je ne vais pas vous raconter de bêtises, c’est un mouvement qui était concomitant", se ravise-t-il. L’ex-chargé de mission minimise ensuite la violence de son comportement : concernant la "balayette" qu’il tente de réaliser sur la jeune femme, il qualifie ce mouvement de "geste technique pour qu’elle s’assoie" ; et quant à la "lourde frappe (effectuée) sur le haut du crâne" du jeune homme, Benalla raconte que sa "main est arrivée comme ça et elle a atterri entre son oreille et son épaule. Mon but était de le saisir et pas de lui mettre un coup". "Je n’ai jamais voulu être violent", affirme-t-il encore, qualifiant de "chamaillerie" son empoignade avec le jeune homme. Autant d’explications qui laissent perplexes les magistrats.
Une clé USB qui se fait attendre. Quant à l’enquête, si les juges ne lui ont posé aucune question sur le déplacement du coffre contenant ses armes à feu avant la perquisition de son domicile, ils ont prié Alexandre Benalla de lui remettre une clé USB, contenant une partie des données de l’un de ses téléphones. "Il faut que je le trouve dans mon déménagement, dans mes affaires en Normandie", a-t-il répondu, manifestement pas pressé de remettre l’objet attendu. Et alors que les magistrats lui demandent le code d’accès à certaines fonctions de son téléphone professionnel, l’ancien chargé de mission les invite à "s’adresser à l’Élysée", affirmant qu’"ils ont dû changer les codes à distance".
Un coup politique ? Par ailleurs, les conditions dans lesquelles les vidéos des deux manifestants jetant des projectiles ont été diffusées restent floues. Et sur ce point, Alexandre Benalla confirme bien avoir récupéré un CD avec les images dans la nuit du 18 au 19 juillet, mais assure qu’il ne les a pas visionnées et qu’il ne les a remises que le lendemain matin à Ismaël Emeline, conseiller spécial du président. Au cours de son interrogatoire, Alexandre Benalla a notamment émis l’hypothèse d’un coup politique, en évoquant les possibles sources des journalistes à l’origine des révélations et soulignant que l’un des auteurs des vidéos amateurs est un militant de La France insoumise.