François Hollande : "Soutenir l’engagement pour changer le destin du monde"

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L’ancien président de la République est lundi l’invité exceptionnel de La France Bouge. Il présente six des douze lauréats sélectionnés et soutenus par sa fondation, La France s’engage. Avec deux credo : innovation et engagement.

Depuis son départ de l’Elysée il y a un peu plus de deux ans, François Hollande occupe une partie de son temps avec La France s’engage. Cette fondation, qu’il a créée et qu’il préside, a pour objet de soutenir des initiatives dans le cadre d’une économie sociale et solidaire. Vendredi, lors d’une cérémonie, douze projets ont été sélectionnés.

>> Six d’entre eux étaient réunis lundi dans La France bouge, avec comme coach exceptionnel l’ancien président de la République.

"Il y a là six des douze qui ont été sélectionnés, choisis, soutenus maintenant, accompagnés. Et qui à leur façon sont en train de changer le destin de beaucoup d’hommes, de beaucoup de femmes. Et peut-être même le destin du monde, ils ont en tout cas cette passion", a déclaré François Hollande. "Et c’est ce qui est pour moi le plus encourageant. Ils sont jeunes.  Il y a une vitalité dans la génération qui arrive pour prendre des responsabilités et s’engager pour les autres. C’est ça que j’ai voulu faire avec cette fondation, c’est soutenir l’engagement", a insisté l’ancien chef de l’Etat, qui présente les lauréats.

- Association DEPART

Elle permet, en partenariat avec de grands chefs, de permettre à des femmes très éloignées de l’emploi de retrouver un travail dans le milieu de la restauration.
"L’innovation, c’est d’arriver d’abord à convaincre des chefs. Ensuite, c’est d’aller vers un public qui était sans doute le plus éloigné de l’emploi, des femmes, parfois d’origine étrangère. Et ensuite de les accompagner, de leur permettre d’occuper les emplois, une fois la formation acquise. Et faire en sorte que ce qui est parti de Marseille puisse se diffuser à l’échelle nationale. On peut avoir une bonne idée, des animateurs locaux, des soutiens locaux. Ce qui compte, quand on a une bonne idée, c’est qu’elle puisse être partagée. C’est ça le rôle de la Fondation La France s’engage. Pour l’heure, l’association a aidé 700 femmes, c’est peu. Ce qu’on veut, c’est que ce soit beaucoup plus."

- Association wintegreat

Elle révèle les talents des réfugiés, programme leur formation en partenariat avec des grandes écoles et des universités et les met en relation avec des entreprises.
"Il y a plein d’associations qui se dévouent pour l’accueil des réfugiés. Celle-là y a ajouté une démarche économique. C’est-à-dire de permettre que les talents de beaucoup de réfugiés puissent être valorisés pour eux-mêmes, mais aussi pour la société française. Et donc de leur indiquer le parcours de formation qui allait être le meilleur pour qu’ils puissent être très rapidement au service de l’économie.

Il y a parmi les réfugiés des étudiants, des médecins, des ingénieurs, qui, ne parlant pas français, ne sachant pas très bien les techniques à utiliser dans une société comme la nôtre. Eh bien en quelques mois, grâce au système des universités et des grandes écoles qui vont les accueillir,  il va y avoir pour ces personnes un parcours, et elles vont pouvoir occuper des postes de responsabilité en France. Ça change l’image du réfugié qui vient toucher sa prestation, à qui on permet de vivre ici mais sans vraiment l’intégrer. Il devient un cadre pour une société qui puisse être utile à tous."

- Ava

Une application qui veut permettre à près de 450 millions de sourds et malentendants de pouvoir suivre une conversation; "J’ai rencontré Thibault Duchemin (fondateur d’Ava)  il y a un an. C’est un génie qui, c’est vrai, a grandi dans une famille de sourds lui-même n’étant pas sourd. Il aurait pu se contenter des techniques qu’on connaît aujourd’hui. Il a pensé qu’il pouvait mettre l’intelligence artificielle au service d’une cause et de l’humain. Le numérique peut être un facteur de progrès pour un certain nombre de personnes, mais aussi un facteur d’inégalité. Là, l’intelligence artificielle va être un facteur au service de la communication.

Et ce qui était vrai pour les sourds - comment arriver à partager une conversation -, vous allez l’avoir aussi quand vous êtres une rencontre internationale. Où il y a des sourds d’une autre nature, des gens qui ne veulent pas se comprendre ou s’entendre. Là, la traduction, ça va permettre, en plus des traducteurs, à chacun d’avoir sur son portable la retranscription de ce qui est dit. Donc ce qui est vrai pour une catégorie de la population, va devenir un facteur de progrès pour l’ensemble de la société et du monde."

- Association Signe de sens

Fondateur d’Elix, dictionnaire français-langue des signes. "Nous avions déjà soutenu des associations qui travaillaient avec la langue des signes. Et qui faisait une belle démarche. Et celle-là, c’est l’apprentissage, l’acquisition de la langue des signes. Et de nous dire que peut-être un jour, dans le système scolaire, on apprendra la langue des signes comme on apprend l’anglais. Ce qui est intéressant toujours, c’est qu’on doit élargir le spectre. Au début, c’est pour que les personnes malentendantes ou sourdes puissent accéder, et demain, c’est pour qu’on puisse parler à ses enfants, à se collègues de travail, ou même des personnes de langue étrangère, dans une sorte langage universel. Je ne dis pas qu’au niveau européen on allait tous finir à la langue des singes, mais enfin ce serait déjà pas mal, de pouvoir ainsi communiquer. C’est ça qui est intéressant : comment on peut diffuser, avec une technologie, le langage et donc la communication."

- Association Village vivants

Rachète des boutiques vides dans des villages, pour lutter contre la désertification. "Il faut avoir une idée. Ce que je souhaite, c’est que l’innovation soit encouragée. Vouloir que des villages renaissent, on l’a tous, cette idée. Mais trouver la méthode pour que des commerces vacants puissent être utilisés pour d’autres services, ça comment faire ? Leur innovation, c’est de pouvoir acheter le bien et de le louer dans des conditions avantageuses pour l’occupant, et pas nécessairement sur du long terme. Parce que c’est ça qui est compliqué pour le commerçant qui veut s’installer, c’est d’avoir un bail qui va courir et ne pas pouvoir l’honorer.

Donc là ils ont trouvé un système d’économie sociale et solidaire où ils achètent le bien et ils le mettent à la disposition. Pour cela, il faut quand même de l ‘argent, d’où l’intérêt de la subvention de La France s’engage, mais il faut encore plus d’argent. Parce que si on veut qu’il y ait des milliers de commerces qui viennent réinvestir dans les villages, il va falloir les accompagner. Et ça peut être demain une coopération de grande dimension pour mettre à disposition, avec les collectivités locales bien sûr, des lieux pour des commerces ou pour des services."

- Association La Fabrique opéra

Qui implique des jeunes dans la mise en place d’un opéra. "S’il y a une activité artistique qui parait inaccessible, c’est bien l’opéra. Et pas seulement pour des questions sociales ou économiques. Mais pour des raisons culturelles ou territoriales. Donc l’idée qu’on va mettre l’opéra à disposition d’un établissement, d’un lycée professionnel, pas simplement sur l’opéra lui-même mais sur tous les étiers qui sont liés à l’opéra, c’est ça l’innovation.

Comprendre que lorsqu’on participe soi-même, on s’ouvre l’esprit et on devient amateur d’opéra sans le vouloir. C’est pour ça que cette idée elle peut aussi donner envie à d’autres, à d’autres arts, de le faire. Et on a aussi labellisé des initiatives pour les orchestres. L’idée, c’est de permettre que des jeunes, notamment de milieux populaires ou ruraux, puissent avoir des orchestres à leur disposition. Et demain l’opéra."