Disparition de Maëlys : que retenir des trois mois d’enquête ?

Les recherches autour du lac d'Aiguebelette se sont poursuivies jusqu'à la fin du mois d'octobre. © AFP
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M.L , modifié à

La cour d'appel de Grenoble rendra jeudi sa décision sur la requête en nullité déposée par le principal suspect de l'enlèvement de la fillette, toujours introuvable.

"Ton combat, c'est notre combat. On sera toujours là pour toi." Mercredi, trois mois après la disparition de sa fille de neuf ans, la mère de Maëlys de Araujo a posté un émouvant message sur les réseaux sociaux. Alors que leur "appel pour la vérité", lancé devant les médias en septembre, est resté sans effet, les parents de la fillette, introuvable depuis la fin du mois d'août, voient l'enquête s'inscrire dans la durée. Cette dernière devrait connaître un nouveau chapitre jeudi, lorsque la cour d'appel de Grenoble tranchera sur l'annulation d'une partie de la procédure visant le principal suspect. Europe1.fr fait le point.

Aucune trace de Maëlys.Désigné par un faisceau d'indices, au premier rang desquels une trace ADN de la fillette retrouvée dans sa voiture, un ancien militaire d'une trentaine d'années est mis en examen et écroué depuis le 3 septembre. Présent à la fête de mariage où l'enfant a été vue pour la dernière fois, l'homme nie farouchement toute implication dans son enlèvement, trouvant une justification à chaque élément collecté par les enquêteurs. Il affirme notamment que Maëlys n'est montée dans son véhicule que pour vérifier que les chiens qu'il élève ne s'y trouvaient pas.

Depuis l'arrestation du suspect, les recherches des enquêteurs, dans un premier temps concentrées sur les alentours de la salle de mariage, se sont resserrées sur les lieux qu'il avait l'habitude de fréquenter. Jusqu'à fin octobre, le lac d'Aiguebelette, au bord duquel il se promenait régulièrement, a été sondé par des gendarmes, accompagnés de chiens spécialisés dans la recherche de restes humains. Les étangs d'un camping proche du lieu où Maëlys a disparu ont également été passés au peigne fin, tout comme la commune de Domessin, en Savoie, où l'ancien militaire résidait avec ses parents.

Plus rien depuis une mystérieuse photo. Le dernier élément tangible découvert par les enquêteurs date de la fin du mois d'octobre : sur une photo prise par une caméra de vidéosurveillance dans la nuit qui a suivi le mariage, une forme humaine "blanche" apparaît sur le siège passager de l'Audi A3 du suspect. Or, on sait que la fillette portait une robe blanche le jour des noces. Mais si les enquêteurs sont certains que la "forme" n'est pas un simple reflet sur le pare-brise, ils ne sont pas parvenus à identifier le visage du passager.

Depuis, aucun nouvel indice n'a filtré d'une procédure désormais verrouillée. Au début des investigations, de multiples éléments couverts par le secret de l'instruction ont en effet fuité dans la presse, poussant le parquet de Grenoble à ouvrir une enquête. Une dizaine de militaires ayant travaillé sur le dossier ont déjà été entendus par la police judiciaire de Lyon dans le cadre de cette procédure parallèle.

Une requête en nullité. Sans rapport direct avec les investigations, une décision de justice attendue jeudi pourrait par ailleurs s'avérer lourde de conséquences sur le dossier. La cour d'appel de Grenoble, qui a examiné il y a dix jours une requête en nullité déposée par le principal suspect et doit désormais rendre ses conclusions, pourrait faire annuler une partie de la procédure : l'avocat de l'ancien militaire a en effet noté que son client n'avait pas été filmé par les gendarmes lors de sa première garde à vue, alors que le code pénal l'exige pour une affaire criminelle.

L'enjeu de l'arrêt qui sera rendu porte sur l'étendue de l'annulation : concernera-t-elle seulement les premiers procès-verbaux du suspect, comme l'a requis le parquet général ? Ou peut-elle faire tomber, par un effet domino, sa seconde garde à vue, à l'issue de laquelle il avait été placé en examen ? Paradoxalement, la décision, quelle qu'elle soit, devrait accélérer le calendrier de l'enquête : ce n'est qu'après l'arrêt de la chambre de l'instruction que les trois juges chargés du dossier pourront réentendre le mis en cause, qu'ils n'ont pas revu depuis sa mise en examen. Et tenter d'identifier de nouvelles pistes de recherche.