Deux anciens colistiers FN aux municipales à Montbéliard, dans le Doubs, en 2014 ont été condamnés mardi à une peine d'amende et cinq ans d'inéligibilité pour avoir abusé de la vulnérabilité d'une dame de 90 ans, dont ils avaient obtenu la candidature sur la liste frontiste. Robert Sennerich, ancien conseiller régional FN âgé de 66 ans, et Catherine Piotrowski, 65 ans, ont respectivement été condamnés à 5.000 et 2.000 euros d'amende par la cour d'appel de Besançon qui a confirmé la décision de première instance du tribunal correctionnel de Montbéliard. Les juges ont également condamné les deux anciens colistiers FN à une peine complémentaire de cinq ans d'inéligibilité.
"Nous la connaissons depuis 30 ans". Dans son arrêt, la cour a estimé qu'ils avaient "frauduleusement abusé de la faiblesse de Rolande Belpomme, 90 ans, qui s'est retrouvée inscrite sur la liste des candidats (du Front national) alors qu'elle présentait une perte importante de ses facultés cognitives". "C'est un jugement politique", s'est insurgé Robert Sennerich après que la décision eut été rendue publique. "Nous la connaissions depuis 30 ans. C'était une sympathisante FN, mais je n'ai pas pu le prouver", a ajouté le secrétaire départemental FN du Doubs, qui n'occupe plus de mandats électoraux. Le 19 février 2014, Robert Sennerich et Catherine Piotrowski, qui étaient respectivement 12e et 19e sur la liste FN aux municipales, s'étaient rendus chez la dame de 90 ans pour lui faire signer un acte de candidature.
La vielle dame ignorait qu'elle était candidate. L'enquête de police a établi que la vieille dame ne sortait plus de son domicile depuis plusieurs mois, restait alitée et qu'elle ignorait qu'elle était candidate. Selon la cour, les prévenus "ne pouvaient que constater qu'elle n'était pas en mesure de comprendre le sens et la portée d'une telle démarche". Les mis en cause sont deux anciens colistiers de Sophie Montel, candidate FN à la mairie de Montbéliard en 2014, candidate à la législative partielle du Doubs en février 2015 et élue eurodéputée aux dernières élections européennes. "Je connais Robert Sennerich depuis toujours et je continue à le croire, je ne le vois pas allant commettre cette erreur de surprendre un consentement à cette dame. Il dit qu'il connaît cette dame depuis très longtemps, je crois que c'est vrai, c'est pas la première fois qu'elle était candidate", a réagi le trésorier et ancien avocat du FN, Wallerand de Saint-Just.
Des précédents. "Il y a eu plusieurs occasions comme ça, plusieurs cas, notamment en Normandie, en Seine-Maritime, finalement ça a pas été vraiment avéré", a-t-il souligné. Plusieurs cas de ce type avaient été relayés par la presse pendant les municipales de 2014. Marine Le Pen avait à l'époque dénoncé un "scandale" ourdi par "l'UMP dans certains endroits, le PS dans d'autres" via des "pressions" sur les colistiers pour les faire renoncer. La patronne du FN avait aussi promis qu'elle allait "porter plainte".