"Erreur politique", comportement "discourtois", "mépris" et "désinvolture" : dans une interview accordée au Monde, mardi matin, le président du Conseil supérieur des programmes annonce sa démission autant qu'il charge le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avec qui Michel Lussault n'a jamais eu de bonnes relations depuis l'installation du gouvernement.
"Annonces unilatérales et idéologiques". "J’ai eu le sentiment qu’il ne connaissait pas vraiment ce que nous avions fait et n’avait pas la volonté de nous confier quoi que ce soit. Je lui ai dit que le CSP permettait notamment de sortir des débats partisans. Je n’ai pas réussi à le convaincre. Dans ces conditions, il devenait difficile pour moi d’envisager un maintien, ce que je n’ai pas caché au ministre", explique-t-il pour justifier sa décision.
Michel Lussualt renonce à ses missions en raison d'un certain "mépris" affiché, selon lui, par le ministre à l'égard de cet organisme créé en 2013 : "Pour prouver cette indépendance (celle de l'instance, NDLR), il aurait suffi de donner au CSP de nouvelles missions. Au lieu de cela, le ministre multiplie, sans discussion ni concertation, les annonces souvent unilatérales et idéologiques, à l’opposé du pragmatisme revendiqué."
Sortie de la "ligne actuelle de modération". Le bât blesse aussi au niveau de l'image et de la méthode Blanquer : "Ses multiples annonces, tout comme sa présence à la Une de médias comme Causeur ou Valeurs actuelles, sont autant de gestes profondément politiques montrant qu’il sort de sa ligne annoncée de modération, de prudence et de pragmatisme. A mon sens, il commet une erreur politique."
Créé par la loi de refondation de l'école, en 2013, le Conseil supérieur des programmes est chargé de veiller à une conception des programmes indépendante et non-dogmatique. Il s'était notamment attelé à la réforme du collège, en 2015.