Le principal syndicat du primaire, le Snuipp-FSU, rejoint par une cinquantaine de chercheurs, s'inquiète lundi de la prédominance des neurosciences dans l'éducation, après l'annonce de la création d'un Conseil scientifique de l'éducation nationale dirigé par le professeur de psychologie cognitive Stanislas Dehaene. "Dans le dialogue permanent que l'école doit entretenir avec la recherche, aucune discipline ne peut légitimement s'imposer aux autres et aucune ne doit être ignorée", écrit le syndicat dans un appel signé par 56 chercheurs. "Toutes les recherches et tous les mouvements pédagogiques, qui prennent l'école et les apprentissages pour objet, concourent à la constitution d'un corpus de connaissances en perpétuel développement."
Une recherche "instrumentalisée". Les signataires de cet appel - parmi lesquels le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, l'historien de l'éducation Claude Lelièvre, le géographe et ancien président du Conseil supérieur des programmes Michel Lussault, le professeur en sciences de l'éducation Philippe Meirieu - redoutent une recherche "instrumentalisée". Dernier exemple en date : l'annonce la semaine dernière par Jean-Michel Blanquer de la création d'un Conseil scientifique de l'éducation nationale avec à sa tête le professeur de psychologie cognitive Stanislas Dehaene, ce qui marque, selon eux, "la prédominance des neurosciences dans l'approche gouvernementale de l'école".
Les orientations du ministre. Jean-Michel Blanquer s'est à de nombreuses reprises prononcé en faveur des neurosciences pour modifier les méthodes d'enseignement ou les programmes. Il les a par exemple mentionnées lorsqu'il a préconisé la méthode de lecture dite "syllabique", ou la maîtrise des quatre opérations au CP et au CE1. Le ministre a détaillé à l'hebdomadaire Le Point de la semaine dernière les objectifs du Conseil scientifique de l'éducation : "il s'agit de pouvoir consulter des scientifiques de différentes disciplines, notamment dans les sciences cognitives, afin d'avoir une vision fondée des politiques publiques". Il faut, selon lui, "que les débats soient davantage argumentés et appuyés sur ce qui est prouvé et ce qui marche à la lumière des sciences."