Symboles de l'"excellence à la française" pour leurs partisans, les lycées français de l'étranger étaient en grève lundi contre les coupes budgétaires et suppressions de postes en vue. Les enseignants protestataires et leurs syndicats dénoncent la baisse des dotations de l'État à l'Agence pour l'enseignement du français à l'étranger (AEFE) chapeautant près de 500 établissements à travers la planète, qui engendrerait selon eux l'affaiblissement d'un réseau réputé, élément clef du soft power français, contribuant au rayonnement de la francophonie.
En Asie, la participation est forte. Premiers levés, premiers en grève, les enseignants des lycées français d'Asie, hors enseignants en statut local, étaient dans l'ensemble très mobilisés - à l'exception du lycée de Hong Kong où les professeurs expatriés sont rares -, selon les témoignages recueillis par les bureaux de l'AFP auprès des écoles et lycées, des enseignants et de parents d'élèves souvent solidaires. À Pékin, plus de trois quarts des professeurs ont répondu à l'appel du Snes-FSU, premier syndicat des enseignants du secondaire; 57% au lycée de Tokyo où, pourtant, "les mouvements de grève sont rares", selon des responsables syndicaux. La participation est aussi forte à New Delhi.
"Grève beaucoup plus suivie que traditionnellement". Les établissements d'Europe et d'Afrique n'étaient pas en reste : 83% de grévistes au Lycée de Vienne en primaire, 80% des personnels résidents à Athènes, "une grève beaucoup plus suivie que traditionnellement" aux Pays-Bas, selon le proviseur du lycée de La Haye Amsterdam, Franck Barro. À Nairobi, un tiers des 34 enseignants locaux se sont joints à leurs collègues grévistes de statut résident ou expatrié (seize sur un total de 20). L'AEFE ne souhaitait pas s'exprimer sur le mouvement lundi matin, ni publier le taux de grévistes, laissant le soin au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères dont elle dépend de communiquer dans la journée.
Baisse de "10% du budget" dénoncée. La mobilisation intervient pendant la réunion du Conseil d'administration de l'AEFE, consacrée au budget 2018. Dans une déclaration liminaire au conseil, quatre organisations syndicales et l'association Français du monde-ADFE ont dénoncé l'annulation de 33 millions d'euros de crédits sur le budget 2017, "un coup brutal porté" à l'AEFE, "outil majeur de la diplomatie d'influence de la France". Selon elles, cela équivaut à "une baisse de près de 10%" du budget de l'AEFE et va conduire cette dernière à supprimer "plus de 500 postes d'enseignants titulaires, soit 8% des effectifs actuels" sur les trois ans à venir.