Souplesse ou sévérité ? Deux visions s'affrontent sur l'éducation des enfants. Mais laquelle donne les meilleurs résultats ? Une étude inédite de l'université de Kobe, au Japon, publiée le 17 juin et relayée mardi par Slate, donne quelques éléments de réponse. Les chercheurs ont étudié la relation avec leurs parents de 5.000 personnes, désormais adultes. Pour déterminer le modèle d'éducation le plus "efficace", ils se sont basés sur quatre critères : le salaire moyen des personnes étudiées, leur réussite scolaire, leur "mentalité positive" et leur sentiment d'être, ou non, en sécurité.
Les scientifiques ont classé les parents de ces personnes en six catégories :
- Les "encourageants", qui laissent à leurs enfants une indépendance "élevée ou moyenne", leur accordent un "haut niveau de confiance et d’intérêt" et passent beaucoup de temps avec eux, tout en étant moyennement sévère.
- Les "stricts", qui ne donnent que peu d’indépendance à leur progéniture mais leur accordent une confiance et un intérêt "élevés ou moyens". Les stricts se caractérisent aussi par une sévérité "élevée ou moyenne" et par la mise en place de beaucoup de règles.
- Les "indulgents", eux, accordent un niveau de confiance "moyen" ou "haut" et se montrent très peu sévères. Le temps passé avec leurs enfants est supérieur ou égal à la moyenne des autres parents.
- Les "négligents" se caractérisent par un faible degré d’intérêt, de sévérité, de règles et de temps passé ensemble.
- Les "sévères", eux, laissent peu d’indépendance à leurs enfants, leur font peu confiance, leur accordent peu d’intérêt mais se montrent très sévères.
- Les "modérés", eux, se caractérisent per un degré "moyen" pour tous les critères.
- Les encourageants en tête…
Résultats : les encourageants sont en tête selon les quatre critères de réussite : salaire moyen, réussite universitaire, "mentalité positive" et sentiment de sécurité. Derrière, les "stricts" et les "indulgents" sont à peu près ex aequo au classement général, mais les résultats sont différents selon les critères. Ainsi, les parents "stricts" obtiennent de biens meilleurs résultats que les "indulgents" si on se base sur le salaire de leurs enfants. Les deux sont à peu près au même niveau concernant la mentalité positive et la réussite universitaire. Mais les enfants d'"indulgents" se sentent plus en sécurité que les "stricts".
>> Voici le graphique réalisé par les chercheurs ("supportive" désigne les "encourageants", "strict", les "stricts", "indulgent", les "indulgents", "Easygoing", les négligents", "harsh", les "sévères" et "average", "les modérés". "Average earngings" désigne le salaire, "academic achievements", la réussite scolaire, "sense of security" le sentiment de sécurité et "positive mentality", la mentalité positive) :
… Les sévères bons derniers. Les enfants de "modérés", pour leur part, talonnent les "stricts" sur le salaire (ils dépassent les "indulgents), et sont à peu près au même niveau concernant la réussite scolaire et le sentiment de sécurité. Le hic ? Leur score s'effondre complètement au sujet de la "mentalité positive". Les "négligents", pour leur part, se hissent à l'avant dernière place du classement général, et sont surpassés par les quatre autres dans tous les critères. Et les "sévères"? Bons derniers, ils font encore moins bien que les "négligents", sauf pour la réussite scolaire où ils sont à égalité.
Le résumé en 30 secondes. Voici, en résumé, les résultats obtenus selon les différents modèles d'éducation :
- "Encourageant" : de très bons résultats dans tout
- "Strict" : de très bons résultats en salaire, de bons résultats en réussite scolaire et en "sentiment de sécurité", des résultats moyens en "mentalité positive"
- "Indulgent" : de très bons résultats en "sentiment de sécurité", de bons résultats en salaire et en réussite scolaire, des résultats moyens en "mentalité positive"
- "Modéré" : de très bons résultats en salaire, de bons résultats en "sentiment de sécurité" et en réussite scolaire, un mauvais résultat en "mentalité positive"
- "Négligent" : de bons résultats en salaire, un résultat moyen en réussite solaire, de mauvais résultats en "sentiment de sécurité", de très mauvais résultats en "mentalité positive"
- "Sévère" : un résultat moyen en réussite scolaire et en salaire, de très mauvais résultats en "mentalité positive" et en "sentiment de sécurité"
- Quelques nuances
S'ils prétendent établir une corrélation entre les types d'éducation et la manière de vivre sa vie, les scientifiques concèdent, également, que "la réussite" ne se résume pas à ses quatre critères. A noter également que ces résultats se basent sur des moyennes : si les enfants de parents sévères semblent, en moyenne, moins bien réussir, il se trouvera toujours des exceptions. Ne pas oublier, enfin, que l'étude a été menée au Japon. Et que les données collectées peuvent différer d'un pays à l'autre.