Singapour caracole toujours en tête (voir encadré ci-dessous) de l'enquête Pisa 2015 de l'OCDE, dévoilée mardi, qui évalue tous les trois ans les connaissances et compétences des élèves de 15 ans. La France, elle, s'englue dans le ventre mou, derrière le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique ou l'Irlande. Les élèves français affichent des performances dans la moyenne de leurs pairs des pays de l'OCDE en sciences, mathématiques et compréhension de l'écrit. Mais elle perd tout de même quatre points en maths par rapport à la dernière édition (elle stagne en sciences, et gagne deux points en "compréhension de l'écrit"). Aussi, et surtout, la France se distingue une fois encore par le poids de l'origine sociale sur les résultats de ses enfants. Europe 1 vous résume l'étude.
La France à la 27e place. Les quelque 6.000 jeunes Français testés au printemps 2015 affichent en moyenne un score de 495 points en sciences, dans la moyenne de l'OCDE (493) et équivalent à celui de l'Autriche, les Etats-Unis et la Suède. Un score qui place la France à la 27e place. L'édition 2015 avait en dominante les sciences (physique, sciences et vie de la terre et de l'univers, notions de démarche et d'explication scientifique). Ses résultats doivent donc être comparés, dans le temps, à l'étude 2006, où la France affichait un score semblable. La proportion des élèves "très performants" est elle aussi stable de 2006 à 2015, à 8% (dans la moyenne OCDE), tandis que celle des plus faibles est à 22%, un peu supérieure à 2006 (21%) et à la moyenne OCDE (19%). Un point positif: le groupe plus large des "performants" compte plus de 21% des élèves, plus que la moyenne OCDE (19%).
Les inégalités sociales, spécialité française. Mais comme Pisa ne cesse de le souligner depuis sa première édition en 2000, la France compte parmi les pays où le milieu social, économique et culturel d'un élève influe le plus sur ses performances scolaires. En plus des tests de compétences, Pisa demande aux élèves de remplir un questionnaire dit "de contexte", pour connaître leur milieu d'origine et leurs sentiments vis-à-vis de l'école, un volet qui participe à la richesse de cette enquête, devenue depuis une dizaine d'années une référence pour l'évaluation des systèmes éducatifs dans le monde.
A partir de ces informations, les chercheurs ont conçu un indice de statut économique, social et culturel. Or une hausse d'un point de cet indice s'accompagne d'une hausse de 57 points des performances en mathématiques d'un élève français (contre seulement 38 points en moyenne dans l'OCDE), le chiffre le plus élevé des 72 pays ou économies participant à cette enquête 2015. Seule consolation, l'écart ne s'est pas creusé depuis 2006... Mais ne s'est pas réduit non plus.
Près de 40% des élèves en France issus d'un milieu défavorisé sont en difficulté, selon les tests de performance Pisa, contre 34% seulement pour la moyenne OCDE. Et seulement 2% des élèves d'un milieu défavorisé se classent parmi les élèves les plus performants (contre 3% en moyenne OCDE).
L'origine sociale influe sur les résultats scolaires d'un élève dans tous les pays, mais certains arrivent mieux que d'autres à amoindrir ce facteur (Canada, Corée du Sud, Estonie, Finlande et Japon, qui affichent en outre des scores élevés de performance scolaires). La France fait donc office de très mauvais élève. Une caractéristique que l'on retrouve en étudiant les enfants issus de l'immigration (13% de la classe d'âge des 15 ans en France). Ils affichent des performances en sciences inférieures de 62 points par rapport aux enfants non immigrés, contre 43 points de moins en moyenne de l'OCDE.
Au-dessus de la moyenne en compréhension de l'écrit. Toujours pour les sciences, la France est l'un des pays où les filles disent apprécier le moins l'apprentissage de ces disciplines. Les jeunes Français font en revanche moins l'école buissonnière que la moyenne OCDE des élèves, selon leurs déclarations.
En compréhension de l'écrit, pour laquelle les 540.000 jeunes dans le monde ont été testés mais de manière moins exhaustive que les sciences, les jeunes Français se situent légèrement au-dessus de la moyenne OCDE, grâce à une amélioration des résultats des garçons et une augmentation de la proportion d'élèves "performants". En maths, la France se stabilise dans la moyenne OCDE, après une nette baisse entre 2003 et 2012. La part des élèves en difficulté a cependant de nouveau crû, à 24% (contre 17% en 2003 et 22% en 2012).
L'Asie championne. Les pays asiatiques, Singapour en tête, caracolent en tête. A Singapour, les enseignants "sont évalués régulièrement, ont accès à de la formation continue et ont une formation initiale très développée", a souligné Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE. "Dans les écoles en difficulté, sont affectés des enseignants de qualité" et les professeurs sont par ailleurs "bien rémunérés par rapport aux autres métiers", relève-t-il. Derrière Singapour figurent le Japon, l'Estonie, Taipei, la Finlande, Macao, le Canada, le Vietnam, Hong-Kong et l'ensemble "P-S-J-G" (les villes chinoises Pékin et Shanghaï et les provinces Jiangsu et Guandong), pour les compétences en sciences.
Certains pays parviennent à faire progresser leurs élèves en sciences, comme en Colombie, Israël, Macao, Portugal, Qatar et Roumanie. A noter toutefois un recul de la Finlande, longtemps considérée comme un modèle, en raison d'une moindre proportion d'élèves très performants par rapport à 2006.
Dans l'ensemble, depuis 2006, la dernière édition où Pisa s'était focalisée sur les sciences, "les pays ont beaucoup investi en éducation. C'est un peu décevant de voir que la performance en sciences n'a pas progressé", a regretté Eric Charbonnier. Environ 8% des élèves sont très performants en sciences dans les pays de l'OCDE, une proportion qui grimpe à 24% à Singapour. A contrario, environ 20% des élèves des pays de l'OCDE se situent sous le niveau 2, considéré comme le seuil de compétence en culture scientifique.