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ÉLECTIONS EUROPÉENNES : LES HANDICAPÉS MENTAUX VONT POUVOIR VOTER LIBREMENT - Depuis la loi "justice" votée en mars dernier, les juges des tutelles ne peuvent plus empêcher les personnes handicapées mentales de voter.
REPORTAGE

Dimanche, plusieurs milliers de Français vont découvrir ou rédecouvrir la possibilité de voter. Depuis la loi "justice" votée en mars dernier, qui suit les dispositions du droit international, quelque 300.000 personnes porteuses d'un handicap mental en France vont pouvoir voter librement, la plupart pour la première fois. Auparavant, un juge des tutelles pouvait les priver de ce droit, acquis en 2005. Impossible d'évaluer combien de "majeurs protégés", ces adultes placés sous un "régime de protection" par un juge du fait de leur état physique ou mental, ont été accompagnés dans leur démarche de s'inscrire sur les listes électorales avant la date butoir du 16 mai. Mais, pour les associations qui défendent les droits des personnes handicapées, il s'agit là d'une grande victoire.

"Il n'y a pas de hiérarchie dans les droits. Celui de voter est important car il fait de chacun un citoyen accompli", insiste Pascale Ribes, d'APF France Handicap, au site handicap.fr. Les associations se sont mobilisées pour que le vote se déroule dans les meilleures conditions possibles, à commencer par la compréhension du programme des différentes listes. Celles-ci étaient invitées à publier des professions de foi en FALC ("facile à lire et à comprendre"). Sur les 34 listes en lice dimanche, seules cinq auraient prévenu l'Unapei (première fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles) de leur volonté de communiquer leurs idées en FALC.

Des dispositifs d'accompagnement dans les bureaux de vote

Pour qui voter, mais aussi comment voter. Pour aider ces majeurs "protégés", plusieurs mairies ont mis en place des dispositifs spécifiques. "Nous avons réalisé un film qui a été diffusé à tous les présidents et toutes les présidentes de bureau de vote ainsi que pour les personnels de mairie qui accueilleront les votants dans les bureaux", explique au micro d'Europe 1 Nicolas Nordman, adjoint à la mairie de Paris. "L’objectif, c’est de leur rappeler quelques règles simples : par exemple que les personnes en situation de handicap ont la possibilité de se faire accompagner à toutes les étapes du vote, y compris dans l’isoloir. C’est dans le code électoral mais c’est une règle méconnue. Pourtant c’est très important car, pour certaines personnes, c’est le seul moyen de pouvoir voter."

La mairie de Paris a également organisé des votes "blancs" pour tester ces dispositifs d'accueil. Une volonté d'accompagnement bien perçue par les personnes handicapées. "Ça explique bien aux personnes quels sont les enjeux", relève Marc au micro d'Europe 1. "Les handicapés sont handicapés, mais ils ne sont pas plus cons que les autres." Marie-Amélie renchérit : "C'est important, parce qu'on est tous pareils, voter, c'est bien, il faut que ce soit accessible à tous." Dans le Nord, l'association Nous Aussi a réalisé des affiches destinées à être installées dans les bureaux de vote pour guider les personnes, pas à pas, sur un parcours (choix des bulletins, isoloir, émargement, vote…) qui n'est pas forcément évident à comprendre.

Lors de l'examen du projet de loi, des élus avaient émis des réserves sur des dispositions concernant des hommes et des femmes "qui peuvent avoir des soucis de discernement, des troubles cognitifs". À ce propos, Pascale Ribes, d'APF France Handicap, souligne dans dans handicap.fr qu'on ne pose pas cette question aux personnes valides, quand bien même certaines "votent comme leur entourage ou leurs copains de bistrot, sans lire les programmes".