Pour limiter le réchauffement climatique et améliorer la qualité de l'air, l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) propose de généraliser l'accès à une électricité provenant en majorité des renouvelables et de recourir à un gaz émettant moins de méthane.
Des émissions de CO2 en légère augmentation. Dans ses prévisions annuelles publiées mardi, l'AIE estime que le monde ne va pas assez loin sur l'accès à l'énergie, la lutte contre la pollution et les émissions de gaz à effet de serre. Selon le scénario qui se fonde sur les politiques actuelles et les intentions affichées par les différents pays, les émissions de CO2 liées à l'énergie continueront à augmenter légèrement d'ici 2040.
Une amélioration mais insuffisante. Il y a certes des signaux positifs : l'agence a ainsi revu à la baisse de 600 millions de tonnes sa prévision des émissions de CO2 à cette date, par rapport à son dernier rapport annuel. Mais "ce résultat est loin d'être suffisant pour éviter des effets graves du changement climatique", note l'AIE. La trajectoire s'annonce aussi insatisfaisante du point de vue de la qualité de l'air, avec une augmentation prévue de trois à quatre millions de morts prématurées en raison de la mauvaise qualité de l'air en 2040.
Plus d'énergies faiblement carbonées. L'AIE - qui conseille sur leur politique énergétique 29 pays développés également membres de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) - élabore cette année un scénario alternatif permettant une stabilisation du climat, un air moins pollué et un accès universel à des sources d'énergie modernes. Il suppose que les énergies faiblement carbonées (renouvelables, nucléaire) doublent leur part dans le mix énergétique global pour atteindre 40% en 2040.
Un rôle important pour le gaz. Le rapport se penche particulièrement sur la place du gaz, qui dans tous les cas aura un rôle important à jouer à l'avenir. Cet hydrocarbure, dont l'utilisation est moins polluante que celle du pétrole, sera d'autant plus important dans les pays qui dépendent actuellement fortement du charbon (Chine et Inde) ou encore dans les cas où les alternatives renouvelables sont moins faciles à mettre en oeuvre immédiatement. Mais l'Agence souligne qu'il ne pourra jouer un rôle positif qu'à condition de réduire ses émissions de méthane.
Plus d'investissements dans l'électricité... De son côté, l'électricité devrait avoir un rôle plus important à jouer, mais aussi faire l'objet d'investissements plus massifs que prévu. Il faudrait qu'elle attire les deux-tiers des investissements dans les sources d'énergie contre 40% en moyenne ces dernières années.
... et moins dans les énergies fossiles. Les renouvelables compteraient pour plus de 60% dans la production d'électricité d'ici 2040 tandis que le nucléaire en assurerait 15%. Les centrales utilisant des énergies fossiles devront décliner et - pour une partie d'entre elles - s'équiper de systèmes de capture et stockage du CO2. Si les énergies fossiles continueront à jouer un rôle dans ce scénario "vert", l'AIE suggère de supprimer les subventions en leur faveur : avec 260 milliards de dollars en 2016, elles ont reçu près du double des renouvelables.