Une attaque à l'arme blanche a été commise vendredi midi rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de Paris, près des anciens locaux de "Charlie Hebdo". Deux personnes ont été blessées, mais leur vie n'est "pas en danger". Deux suspects ont été interpellés dans le secteur de la place de la Bastille, non loin de la scène des faits. Un important dispositif policier a été déployé dans le secteur et une cellule de crise a été activée place Beauvau. Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé être saisi d'une enquête pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste".
Les informations à retenir :
- Une attaque à l'arme blanche commise près des anciens locaux de Charlie Hebdo
- Deux personnes ont blessées, mais leur vie "n'est pas en danger"
- Deux suspects ont été interpellés, l'un d'entre eux avec des traces de sang
- Le parquet antiterroriste saisi, une enquête ouverte pour "tentative d'assassinat"
Une attaque à l'arme blanche vers 11h45, deux blessés
"Un événement grave vient de se produire à Paris. Une attaque par arme blanche a été perpétrée dans le XIe arrondissement", a annoncé le Premier ministre, Jean Castex. Deux personnes ont été grièvement blessées dans cette attaque commise vers 11h45, mais leur pronostic vital n'est pas engagé. Le Premier ministre Jean Castex a assuré que leur vie n'est "pas en danger". Il s'agit d'un homme et d'une femme, collaborateurs de la société de production "Premières Lignes", travaillant pour France Télévisions. Ses locaux se trouvent dans la rue de l'ancienne rédaction de Charlie Hebdo.
"J'étais dans mon bureau rue Nicolas-Appert, et j'ai entendu hurler dans la rue", raconte un témoin au micro d'Europe 1. "Je me suis mis à la fenêtre et j'ai vu une femme s'effondrer avec le visage ensanglanté." "Je suis descendu et j'ai vu un de mes voisins effondré au sol avec un coup au visage", poursuit-il, confiant lui avoir porté les premiers secours, avant l'arrivée des pompiers.
Deux suspects interpellés
Le principal suspect a été interpellé peu de temps après les faits dans le secteur tout proche de la place de la Bastille, avec de nombreuses traces de sang sur lui. Âgé de 18 ans, né au Pakistan, le jeune homme est connu des services de police : il a été arrêté en juin dernier à la Gare du Nord avec une arme blanche sur lui. En revanche, les services de renseignements n'avaient jamais entendus parler de lui. On ne sait pas encore depuis combien de temps il est en France. D'après nos informations, il a reconnu être l'auteur de cette double agression à l'aide d'une feuille de boucher.
Peu après 14 heures, un deuxième suspect est arrêté dans une station de métro toute proche. Né en Algérie et âgé de 23 ans, il pourrait être lié au principal suspect, puisqu'il a été vu en train de parler avec ce dernier dans les transports en commun avant l'attaque. Mais les enquêteurs se montrent prudents sur son éventuelle implication.
Reste que les deux individus sont en garde à vue au sein de la section anti-terroriste de la brigade criminelle, cette double attaque étant considérée à ce stade comme terroriste.
"J’ai vu certaines personnes rentrer dans le métro en courant et d’autres courir derrière, et je me suis dit 'peut-être que c’est lui', et là j’ai vu une machette pleine de sang", a indiqué Mohamed, un témoin, sur Europe 1. "Enfin, ce n’était pas une machette, c’était une petite hache comme celles qu’on utilise en cuisine, et j’ai tout de suite compris."
Le parquet antiterroriste saisi
Si on ne connait pas pour l'instant les motivations de l'assaillant, le contexte de l'attaque pose question. Elle s'est déroulée 15 jours après un appel d'Al-Qaïda à perpétrer de tels actes, non loin des locaux de Charlie Hebdo, et alors que se tient depuis plusieurs semaine le procès des attentats de janvier 2015. Pour toutes ces raisons le Parquet national antiterroriste (Pnat) a donc annoncé, peu avant être 14 heures, être saisi. Le procureur de Paris, Rémy Heitz, a indiqué à l'AFP qu'une enquête était ouverte pour "tentative d'assassinat en relations avec une entreprise terroriste". L'hypothèse de la présence d'un colis suspect, un temps évoqué, a finalement été levée. "Aucun engin explosif n'a été détecté", a indiqué la préfecture de police.
Un acte commis près des anciens locaux de Charlie Hebdo
La préfecture de police a demandé aux Parisiens qui circulent d’éviter ce secteur, tandis que le périmètre est en train d'être levé. L'attaque terroriste a été commise rue Nicolas-Appert, celle où étaient situés les anciens locaux de Charlie Hebdo. C'est là qu'a eu lieu l'attentat des frères Kouachi, le 7 janvier 2015. Douze personnes, dont huit membres de la rédaction, avaient perdu la vie et le procès de ces attentats est en cours. Des menaces récentes avaient été proférées contre l'hebdomadaire.
Charlie Hebdo a d'ailleurs apporté son soutien "aux personnes touchées". "Toute l'équipe de Charlie apporte son soutien et sa solidarité à ses anciens voisins et confrères PLTVfilms et aux personnes touchées par cette odieuse attaque", a indiqué l'hebdomadaire satirique sur Twitter.
Castex affirme sa "volonté par tous les moyens de lutter contre le terrorisme"
Après s'être réuni au centre de crise du ministre de l'Intérieur, Jean Castex et Gérald Darmanin se sont rendus sur les lieux de l'attaque. Le Premier ministre a affirmé sa "volonté résolue, par tous les moyens, de lutter contre le terrorisme".
Cette attaque est survenue "dans un lieu symbolique et au moment même où se déroule le procès des auteurs des actes indignes contre Charlie Hebdo", a souligné le chef du gouvernement. "C'est l'occasion pour le gouvernement de la République de rappeler son attachement indéfectible à la liberté de la presse, sa volonté résolue par tous les moyens de lutter contre le terrorisme", a-t-il ajouté.
Levée du confinement dans les écoles, métro perturbé jusqu'à 19h
Après cette attaque terroriste, "des milliers d'élèves" ont été "confinés" dans des écoles du 3e, 4e et 11e arrondissement de Paris. La préfecture a annoncé en milieu d'après-midi la levée de ce confinement et que "les parents d'élèves (...) peuvent venir chercher leurs enfants, les mesures de précaution étant levées".
Une cellule d'accompagnement et de soutien psychologique a été ouverte à l'intérieur de la mairie du 11e arrondissement, a précisé la mairie de Paris.