Rixe entre bandes : en Essonne, la surveillance policière se fait aussi... dans les airs

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Justin Morin, édité par Antoine Terrel , modifié à

Dans l'Essonne, où deux adolescents ont été tués ces dernières semaines dans des rixes, les acteurs locaux misent sur de meilleurs dispositifs de surveillance des attroupements suspects, mais aussi sur une remontée des informations plus efficace et la prévention dès le plus jeune âge. Notamment grâce à une surveillance depuis... un avion.

Comment mettre fin à la spirale de violences entre bandes en Ile-de-France ? Deux semaines après la mort de deux adolescents poignardés lors de rixes entre jeunes, le ministère de l'Intérieur a réuni la semaine dernière les acteurs locaux pour tenter de trouver des solutions. Et sur place, les forces de l'ordre insistent aussi bien sur une surveillance et une capacité d'intervention plus efficaces que sur l'importance de la prévention. 

En Essonne, tout un dispositif a été mis en place, y compris dans les airs. Un avion de la PAF, dans lequel Europe 1 a pu monter, est ainsi spécialisé dans la lutte contre les violences urbaines, et depuis les drames d'il y a deux semaines, les agents sont très vigilants aux attroupements suspects. Ce petit appareil de quatre places survole tous les quartiers sensibles du département : Etampes, Evry, Grigny, Corbeil-Essonnes, Epinay-sous-Sénart, etc. 

Après le signalement d’un début de rixe près d’un lycée de Brétigny-sur-Orge, à 300 mètres d’altitude, l’avion vire sur sa droite. Au sol, les forces de l'ordre aperçoivent depuis l'avion des groupes de jeunes courir dans plusieurs directions et guident les équipes restées à terre. 

L'indispensable prévention

Dans le jeu du chat et de la souris auxquels se livrent jeunes et forces de l'ordre, cet avion donne clairement un coup d’avance sur les bandes. Certains se sont cachés dans des bosquets, mais à aucun moment ils n'ont été perdus de vue. Revenu au sol, Patrick, un des agents, explique à Europe 1 que leur action permet aussi d'éviter des répliques. "Manifestement, à Brétigny, ça s’est bien passé, il n'y a pas eu de blessé. Il y a eu des contrôles et des interpellations", explique-t-il. Et d'ajouter : "Il y a des unités qui vont chercher à prévenir ces faits-là. Mais nous, c'est sur le moment qu’il faut qu’on intervienne". 

Comme le rappelle Patrick, le travail de prévention est évidemment indispensable. Et là aussi, des mesures ont été prises, comme à Boussy-Saint-Antoine, la commune où l'un des deux adolescents avaient trouvé la mort. La priorité est le renseignement, la remontée "des signaux faibles".

Le rôle important des chauffeurs de bus

La police nationale vient de mettre en place un groupement de partenariat opérationnel, qui a tenu sa première réunion depuis le drame. Conviés à cette réunion : les maires, les polices municipales, les directeurs et directrices des collèges et lycées dit sensibles, les agents du renseignement territorial, mais aussi les chauffeurs de bus qui voient et entendent beaucoup de choses.

"Il y a des efforts considérables qui sont mis en place par les transporteurs pour former leurs conducteurs à la détection des signaux faibles et à la remontée instantanée d’information pour que nous puissions déjouer les affrontements", explique ainsi à Europe 1 le commissaire Laurent Boisset, le référent bande du secteur. 

Tous ces acteurs locaux sont désormais reliés dans une conversation sur une messagerie cryptée. Un dispositif nécessaire, selon le maire de Boussy-Saint-Antoine Romain Colas, qui estime aussi qu'il faut faire oublier les vieilles rancœurs entre quartiers. "On a un énorme travail éducatif à faire", assure-t-il. "Avec les maires des communes voisines, nous allons travailler sur les enfants d'écoles élémentaires, ceux que nous avons dans nos centres de loisirs, pour faire en sorte qu’ils passent du temps ensemble, avec l’espoir que si ces enfants fraternisent à 8, 9, 10 ans, ils ne se tapent pas dessus à 12."