Deux morts, dont une adolescente de 15 ans. C'est le bilan encore provisoire de l'effondrement d'un pont suspendu qui enjambe la rivière Tarn, ce lundi matin, à Mirepoix-sur-Tarn, au nord-est de Toulouse. Invité du Grand journal du soir quelques heures après ce drame, Michel Virlogeux, ingénieur des ponts et concepteur d'ouvrages renommés comme le Viaduc de Millau, estime que "cet ouvrage n'avait aucune raison d'être en mauvais état". "Il ne faisait d'ailleurs pas partie de la liste des ouvrages considérés comme dans un état plus ou moins difficile", relève-t-il.
Construit en 1935, l'édifice, interdit aux véhicules de plus de 19 tonnes, avait été inspecté en 2017 et n'avait révélé "aucun problème de structure", avec seulement des "désordres de type évolutif normaux", selon le conseil départemental de Haute-Garonne, dont dépend l'entretien de l'ouvrage.
L'hypothèse privilégiée est celle d'un effondrement dû au passage d'un véhicule bien trop lourd, le camion qu'on aurait retrouvé dans le Tarn, qui aurait fait près du double du poids autorisé. "Il est parfaitement clair que si un pont a été dimensionné pour 19 tonnes, il n'est certainement pas prêt à prendre une charge de 40 tonnes", rappelle l'expert, également responsable du pont de Normandie.
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Ce drame, qui rappelle l'effondrement du pont de Gênes en août 2018, pourrait-il se répéter ? Michel Virlogeux se montre prudent. "Après Gênes, on s'est posé beaucoup de questions sur l'état des ponts. Certains ne sont pas dans un état remarquable, mais on est loin d'être dans une situation hyper critique. On a des règles de calcul, fixées par la réglementation, qui nous mettent à l'abri. Par exemple, quand on a construit le pont de Normandie [entre 1989 et 1995 ndlr], on a fait des simulations avec le trafic des plus lourdes autoroutes françaises, et on arrivait à peine à 30% des charges de calcul".