"Ma belle surprise cette année, c'est une jeune locataire de 26 ou 27 ans qui est venue avec une petite enveloppe en me disant qu'elle avait pensé à moi", confie Slavissa, gardienne d'un immeuble du XIIIème arrondissement de Paris depuis 19 ans. Chaque année, aux mois de décembre et de janvier, elle empile les enveloppes qu'elle reçoit en guise d'étrennes.
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Tradition ancestrale, les étrennes remontent... à l'époque romaine ! Données en guise d'offrandes divines initialement, elles sont aujourd'hui distribuées aux personnes qui rendent des services sans être forcément bien rétribuées : gardiens d'immeuble, facteurs, éboueurs, pompiers... La coutume a perduré au fil des siècles et se pratique encore aujourd'hui, mais de moins en moins. Chez des jeunes, "c'est même surprenant", raconte Slavissa à propos de sa "belle surprise".
Dans l'enveloppe, 20 à 300 euros
La gardienne note soigneusement chaque passage sur un petit carnet. Environ la moitié des habitants de son immeuble passe tous les ans et laisse des sommes allant de 20 à 300 euros. En théorie, l'usage est de laisser 5 à 10% du montant de son loyer dans l'enveloppe. Donc avec un loyer de 600 euros par mois par exemple, il convient de donner entre 30 et 60 euros.
Mit bout à bout, Slavissa reçoit près d'un mois de salaire. "L'important, c'est que les gens pensent à moi, ce n'est pas ce qu'ils mettent dans l'enveloppe", assure-t-elle. Pour ceux qui bénéficient des étrennes, ces dernières font en tout cas office de complément de salaire, comparable à un treizième mois. Un gardien ou une gardienne d'immeuble gagne le Smic pour la fourchette basse et jusqu'à 1.750 euros par mois pour les plus expérimentés et selon l'immeuble gardé.
Un rituel à ne manquer sous aucun prétexte
Pour certains, les étrennes sont un rituel à ne manquer sous aucun prétexte. Marion, qui loge au sixième étage de l'immeuble gardée par Slavissa, ne loupe jamais une étrenne. "C'est une tradition d'une part et d'autre part, la gardienne nous rend plein de petits services", explique-t-elle. "Les étrennes me paraissent être une marque de reconnaissance", précise-t-elle encore.
A 66 ans, Slavissa continue à aimer son métier. Et à moins que la vie ne lui offre "l'opportunité de vivre au soleil les doigts de pieds en éventail", elle envisage de rester jusqu'à 70 ans dans sa loge du XIIIème arrondissement parisien.