Les complices de Redoine Faïd ont su profiter d'une "conjonction de failles de sécurité" à la prison de Réau : telles sont les conclusions présentées lundi par la ministre de la Justice Nicole Belloubet sur l’évasion, le 1er juillet dernier, du détenu condamné à 25 ans de prison pour un braquage raté en 2010.
Défaillances multiples. Ce "commando militaire" a ainsi tiré profit de l'absence de filins anti-hélicoptère dans la cour d'honneur de la prison, où leur hélicoptère a réussi à se poser, et d'un "problème" sur le dispositif d'appels d'urgence des forces de l'ordre, a détaillé la ministre lors de la présentation d'un rapport de l'Inspection générale de la justice. Nicole Belloubet a aussi pointé la "problématique liée aux portes d'intervention qui permettaient d'avoir accès aux parloirs". Le jour des faits, les complices de Redoine Faïd avaient découpé à la disqueuse une porte de la cour d'honneur menant aux parloirs, où le braqueur se trouvait avec son frère.
#RedoineFaid rapport qui fait 4 constats.
— Salomé Legrand (@Salome_L) 30 juillet 2018
1/ une conjonction de failles de sécurité : pas de filin sur la cour d’honneur, un problème de porte d’accès direct cour/parloirs, un dispositif d’appels d’urgence défaillants alors que testé le matin même et l’organisation des parloirs
En outre, Nicole Belloubet a fait part de la "sidération" du personnel pénitencier face à "cet événement difficilement envisageable", "qui a annihilé (leur) capacité de réaction, mais qui a sans doute permis d'éviter un bilan humain sûrement très lourd", a-t-elle défendu. Jugée toutefois "insuffisamment réactive" et avec des difficultés dans la gestion des détenus à la dangerosité avérée, l'administration centrale pénitentiaire va être réorganisée, a encore annoncé la garde des Sceaux.
Réorganisation de l'administration pénitentiaire. Une quinzaine d'agents seront désormais "affectés aux détenus particulièrement surveillés (DPS) pour les risques d'évasion" et les enregistrements sonores et vidéos des parloirs seront rendus possible, a précisé la ministre. Selon des extraits de courriels publiés par la presse, la Direction interrégionale des services pénitentiaires d’Île-de-France avait averti qu'il existait une "menace sérieuse (de) passage à l'acte" de la part de Redoine Faïd. En outre, le ministère de la Justice va proposer une modification législative pour adapter le régime de détention des DPS, notamment ceux qui ont le statut de prévenu comme Redoine Faïd. Ce dernier avait en effet le statut de prévenu en raison de deux appels et d'un pourvoi en cassation, et ne pouvait donc pas être écroué en maison centrale, plus sécurisée.
Deux points en suspens. En revanche, l'Inspection générale de la justice n'a pas été en mesure d'établir de lien entre l'évasion de Redoine Faïd et de précédents survols de la prison par des drones, et aucune complicité interne dans la prison n'a pu être décelée. Depuis son évasion le 1er juillet, Redoine Faïd est toujours traqué par une centaine de policiers spécialisés.