Près de 2.000 personnes d'origine chinoise ont exprimé dimanche à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, leur ras-le-bol des violences répétées dont ils se disent victimes et réclamé des mesures de sécurité renforcées après l'agression mortelle dont a été victime l'un des leurs.
"Les agressions sont fréquentes". Aux cris de "liberté, égalité, fraternité et la sécurité pour tous!", 1.800 personnes, selon la police, ont défilé dans les rues de cette ville de banlieue populaire, où Zhang Chaolin, un couturier de 49 ans, a été agressé le 7 août par trois hommes, qui voulaient voler le sac d'un ami, lui aussi d'origine chinoise. Il était décédé le 12 août des suites de ses blessures. "Les agressions sont fréquentes, mais comme on ne parle pas bien français, on porte pas plainte. Et puis on travaille, on n'a pas le temps pour ça", a expliqué Cai Jiang, 26 ans, employé dans un bar-tabac à Paris.
"On est des citoyens français". Alors que les vols avec violence visant la communauté chinoise à Aubervilliers ont triplé en un an, le commissariat a obtenu des renforts policiers et une étudiante franco-chinoise a été recrutée dans le cadre du service civique pour améliorer l'accueil des victimes. La préfecture s'est également engagée à étendre le système de vidéo-surveillance. "On fait appel à l'État car on est des citoyens français, même si on ne se sent pas assez considérés comme tels", explique Marina, 23 ans, qui tient une boutique au Fashion Center, le plus grand centre commercial de vente en gros d'Europe.
Des "proies faciles". Dans la foule, de nombreuses mains agitent de petits drapeaux français. "J'étais Charlie comme vous. Je suis Chaolin, où êtes-vous", peut-on lire sur une banderole. "Ils sont en train de nous donner une leçon d'organisation et de République", dit, admiratif, Laurent, qui habite Aubervilliers depuis 30 ans. "Ça fait des années qu'ils subissent le racisme, même les gosses se font agresser!", regrette cet enseignant. Réputées détenir sur elles de l'argent liquide, les personnes d'origine asiatique sont des "proies faciles", reconnaît la maire PCF de la ville, Meriem Derkaoui, résolue à "faire reculer ces préjugés et sensibiliser la population" à ce sujet.