"Ce qui fait le danger, ce n'est pas l'infrastructure, c'est le trafic", martèle Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la Violence Routière. Dimanche, son association publie en exclusivité dans le JDD, avec Europe 1, de nouvelles cartes qui montrent que les accidents les plus graves ont surtout lieu sur les routes départementales les plus droites et les mieux entretenues... Celles-là même où de nombreux élus plaident pour un retour à une limitation à 90 km/h, et non plus 80.
"Ces belles infrastructures où circulent un maximum de véhicules"
Ces nouvelles cartes montrent avec précision, pour chaque département, les routes où ont lieu les accidents mortels, ou ceux qui ont fait des blessés graves, pour la période 2013-2017. Le constat est le même que lors d'une précédente étude réalisée par l'association en 2018 : la moitié des décès intervient sur à peine 15% du réseau routier. "Contrairement à ce que les conducteurs imaginent, ce n'est pas sur les petites routes ou en montagne que le risque est maximal", diagnostique Chantal Perrichon, interrogée par Europe 1.
"Le risque est maximal sur les belles routes, celles qui n'ont pas de séparateur médian, ces belles infrastructures où circulent un maximum de véhicules", poursuit la présidente. "La majorité des tués se retrouve sur une dizaine de voies pour chaque département. D'où la nécessité de ne pas revenir aux 80 km/h, car augmenter la vitesse générera forcément une augmentation du nombre d'accidents."
4.000 courriers bientôt envoyés aux préfets et élus locaux
Or, ces routes sont justement celles visées par un amendement LREM à un article du projet de loi mobilité, voté par les députés en juin et qui ouvre la voie à un assouplissement par les départements et les maires de la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires. Alors que cet amendement doit revenir en commission à l'Assemblée nationale lundi, la Ligue contre la Violence Routière entend donc envoyer cette semaine 4.000 courriers aux préfets, parlementaires et présidents de conseils départementaux pour les alerter.
"En 2013, un rapport des experts du Conseil national de sécurité routière a permis de voir que si on passait de 90 à 80km/h sur ces routes, il y avait une possibilité d'épargner entre 350 et 400 vies", justifie Chantal Perrichon, pour qui "le passage à 80 kmh n'a pas apporté ces résultats cette année" en raison des dégradations de radars contrôlant la vitesse. Selon la présidente, "206 vies" ont cependant été sauvées "grâce à cette mesure en 2018". "Pour nous, la priorité c'est de poursuivre cette expérimentation qui devait aller jusqu'à fin juillet 2020", conclut-elle.