EXCLU - «Privilégié», «intéressé» : les Français ont une image très négative de leur banquier, selon une étude

L'image négative associée aux banquiers n'est pas récente et s'accompagne d'une défiance vis-à-vis du système bancaire. 6:34
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MMargaux Fodéré / Crédits photo : Romain Doucelin / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Un Français sur deux pense que son conseiller fait passer ses intérêts avant les siens. Cette donnée, dévoilée en exclusivité à Europe 1 dans une étude de MoneyVox, reflète un manque de confiance flagrant vis-à-vis des banquiers, malgré l’absence de scandale récent.

"Privilégié", "intéressé", "requin"… Des mots que les Français associent à leur banquier. S’ils ont été sensibles à la faible augmentation des frais bancaires ces dernières années, une vision négative du métier persiste. Ce désamour, qui n’est pas nouveau, est confirmé par une étude de MoneyVox, site d'information spécialisé dans les questions d'argent, dévoilée en exclusivité par Europe 1.

Un mélange de réalités et de fantasmes autour du métier de banquier

En 2021 déjà, 36% des Français estimaient que leur banquier était un privilégié. Une proportion qui est montée à 41% cette année. Derrière ce scepticisme, il y a une part de vérité, liée aux spécificités du métier de conseiller, explique Maxime Chipoy, président de MoneyVox. "Le banquier c’est un des rares commerçants qui a le droit de vous dire non. Il a le droit de vous refuser l’ouverture d’un compte ou l’octroi d’un crédit. Donc ça crée beaucoup de frustration entre les Français et leur banquier", analyse-t-il.

Et les évolutions récentes du métier de banquier n’ont pas arrangé les choses. "La part du commercial chez les banquiers a beaucoup augmenté au cours des décennies. Avec la privatisation des plus grandes banques et l’intensification de la concurrence, beaucoup de Français ont l’impression que le banquier ne les appelle que pour leur vendre des produits. Ce qui n’est pas tout à fait faux", note Maxime Chipoy.

Mais il y a aussi une part d’éléments plus irrationnels, qui entretiennent le désamour des Français pour leur banquier. "Le terme de banquier regroupe deux métiers : le métier d’employé de banque ou de conseiller bancaire, et le banquier d’affaires qui brasse des millions, qui peut créer des scandales. Il y a toujours une confusion là-dessus". D’ailleurs, le saccage de plusieurs dizaines d’agences bancaires lors d’émeutes récentes témoignent de cette mauvaise image dont peut bénéficier le secteur.

La nostalgie des baby-boomers pour les banques publiques

Face à ce scepticisme, près de 7 Français sur 10 souhaiteraient que la banque devienne un service public, comme l’école ou la santé. En particulier les babyboomers. "Ils ont connu une banque qui était une banque publique, ce sont ces banques-là qui, dans les années 1960-1970 et au début des années 1980, ont massivement équipé les clients en compte bancaire. Il y a un peu la nostalgie de cette époque", analyse Maxime Chipoy.

Une chose est sure : le compte en banque est le centre névralgique de la vie économique des Français. Aujourd’hui, 64% d’entre eux ont un compte dans une seule banque et 48% ont un ou plusieurs crédits selon la Fédération bancaire française. Autrement dit, si la relation entre conseiller et client reste parfois compliquée, elle est aujourd’hui essentielle.