Les procédures disciplinaires se multiplient contre des militants syndicaux actifs lors des grèves menées au printemps contre la loi travail ou la défense des conditions de travail des cheminots, a dénoncé jeudi SUD-rail, qui relève une "centaine" de cas dans ses rangs.
Des sanctions qui viseraient à dissuader les salariés de "faire du syndicalisme". Le troisième syndicat du groupe ferroviaire affirme que "la direction monte d'un cran dans la répression anti SUD-rail" et "veut prendre sa revanche en sanctionnant ceux dont l'action syndicale s'oppose à leur politique". Il demande "l'arrêt des sanctions" internes visant à "dissuader les salariés de faire tout simplement du syndicalisme", ainsi que des "poursuites judiciaires engagées à l'encontre de tous ceux qui ont lutté contre la loi travail et pour défendre leurs conditions de travail à la SNCF". Contactée, la SNCF n'a pas souhaité faire de commentaire.
"Même en 1995, alors que le mouvement était plus fort et les cheminots plus agressifs, il n'y a jamais eu de sanctions comme aujourd'hui", dit Alain Leclercq, délégué du personnel dans le Nord et élu au CCE du groupe, convoqué lui-même jeudi en conseil de discipline. Pour le soutenir, SUD-rail a appelé à un rassemblement à la mi-journée près de la gare de l'Est à Paris.
Une menace de mise à pied. Le syndicaliste risque une mise à pied de quatre jours et un "dernier avertissement". Le 6 juin, il avait participé à un rassemblement à Lille, avec barrage bloquant. Il lui est reproché d'avoir empêché des non-grévistes d'aller travailler et d'avoir divulgué des informations confidentielles en décrivant, devant une caméra de télévision, la fonction du centre informatique national Socrate de la SNCF. Ce qu'il nie. "Depuis 2007, je dérange", explique le syndicaliste, très investi dans les questions de sécurité et santé et qui a saisi en 2015 les prud'hommes pour discrimination syndicale.
Des syndicalistes devant la justice. Côté judiciaire, un militant de SUD-rail a fait appel de sa condamnation, le 27 septembre à Amiens, à six mois avec sursis pour l'incendie de pneus, et plus de 60.000 euros d'amende (solidairement avec trois autres prévenus) pour les dégâts provoqués sur la chaussée. A Lille, cinq manifestants ont écopé de sursis pour avoir participé à un barrage routier en brûlant des pneus, dont un militant CGT.
"Notre crainte était qu'avec les mois de mobilisation contre la loi travail, les choses se détériorent, on le constate", affirme Céline Verzeletti, en charge du sujet à la CGT. Selon elle, "après les propos stigmatisants du Medef et du gouvernement, certains qui avaient déjà un peu de mal à appliquer le droit se sentent encore plus autorisés à traiter les syndicalistes comme des voyous". La CGT a lancé en septembre une enquête pour "quantifier précisément" les sanctions ou entraves visant ses militants.