Soixante hectares de terrain, un parcours de 18 trous et autour des greens, un gazon à faire pâlir de jalousie les Anglais. Alors que chacun est appelé à économiser l'eau face à la sécheresse, les golfs bénéficient d'une dérogation et peuvent encore arroser une partie de leurs terrains. Une nécessité économique selon Mathieu Beyler, le directeur du golf de Prunevelle, à Dampierre-sur-le-Doubs dans le Doubs. "Un green, c'est la zone finale d'un trou de golf. C'est l'endroit où on va trouver le drapeau. Ce sont des zones très fragiles qui meurent si elles ne sont pas arrosées dans les trois jours", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Les fairways complètement jaunis par la météo
Cette exemption pour les golfs fait suite à un accord conclut en 2019 avec le ministère de l'Écologie. Ainsi, même en période de crise sécheresse, les greens ont toujours le droit d'être arrosés. "Si les greens sont fichus, le terrain n'est plus exploitable", prévient Mathieu Beyler. "Cela relève de la survie du golf de continuer à pouvoir arroser ces zones."
Ces zones sont arrosées uniquement la nuit avec de l'eau mise en réserve au printemps. En revanche, tout autour, l'herbe est de couleur jaune. "Le fairway, ce sont des zones qui ne sont pas du tout arrosées", décrit Mathieu Beyler. "On voit que quand on passe sa main, c'est de la paille. On frotte et tout s'envole, tout est brûlé", ajoute le directeur.
Le Doubs en alerte à la sécheresse
Finalement, l'arrosage ne concerne que 2% de la surface totale du terrain, avec une consommation en eau de 45 mètres cubes par jour, l'équivalent d'une piscine. Une quantité déjà trop élevée pour Régine, une voisine du golf de Dampierre-sur-le-Doubs. "Je ne trouve pas ça normal que le golf arrose, c'est sûr", réagit auprès d'Europe 1. "Moi, je ne peux pas arroser mes fleurs. Je n'arrose pas le jardin, je n'arrose rien. Et vous voyez, tout est sec", se lamente Régine.
Le département du Doubs a basculé en alerte crise sécheresse. Conséquence : les golfs ne peuvent plus arroser les zones de départ de trous, ce à quoi le directeur de Prunevelle a déjà renoncé il y a deux semaines.