Le gouvernement a autorisé par ordonnance des versions locales de la taxe poids lourds, qui fut très violemment contestée il y a huit ans, pendant le quinquennat Hollande. En Alsace, où le dispositif devrait être appliqué à partir de 2024, pouvoirs publics et transporteurs vont entrer dans une phase de négociation. Suffisant pour éviter une nouvelle fronde ?
On la croyait morte et enterrée par les "bonnets rouges". Pourtant, l'écotaxe est de retour. Pas tout à fait comme il y a huit ans, quand François Hollande avait fini par renoncer face à la fronde, après les incendies de portiques sur l’autoroute, notamment en Bretagne. Désormais, c’est une version locale de la taxe poids lourds que le gouvernement vient d’autoriser par ordonnance. L'Alsace est l'une des premières régions qui va avoir le droit de faire payer les camions qui la traversent.
Alignement avec l'Allemagne
Pour expliquer cette résurgence locale de l'écotaxe en Alsace, il faut se figurer le Rhin avec, d'un côté, l'autoroute allemande, avec taxe poids lourds, et, de l’autre, l'autoroute française, gratuite, donc surchargée. C'est cette situation spécifique à l’Alsace qui est aux sources de la résurrection, en version locale, de l’écotaxe.
Concrètement, ce dispositif sera géré par la collectivité européenne d’Alsace, dirigée par Frédéric Bierry, qui compte bien donner, enfin, une raison d’être à ces fameux portiques qui ne servent à rien depuis huit ans. "Ce qui nous apparaît aujourd'hui le plus efficace, c'est effectivement que les transporteurs soient obligés de s'équiper d'un boîtier. Quand ils passent sous les portiques, ils sont enregistrés à ce moment-là. Cela génère ensuite une taxe", décrit le responsable politique.
Une quarantaine d'euros ?
Les transporteurs alsaciens sont-ils ravis ? Pas vraiment, mais la fronde n'est pas encore déclarée et les bonnets rouges toujours dans les armoires. "On n'en est pas là", assure Michel Chalot, le représentant local des transporteurs. "On ne veut pas de révolution. Pour le moment, on rentre dans une phase de négociation. Après ça, on verra. Je ne dis pas que ça ne peut pas se traduire en colère."
La mise en place de cette écotaxe est prévue pour 2024, pas avant. La logique voudrait que le montant de la taxe soit comparable à ce qui se fait en Allemagne, soit une petite quarantaine d’euros pour traverser l’Alsace au volant d’un 40 tonnes.