L'ancien ministre Henri Plagnol a été condamné lundi à trois ans d'inéligibilité et un an d'emprisonnement avec sursis, pour avoir cautionné un système de fausses factures émanant d'une filiale de Bygmalion, lorsqu'il dirigeait la mairie de Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne. Le tribunal correctionnel de Créteil a suivi les réquisitions du parquet et a également condamné l'ancien maire divers droite (2008-2014) à une amende de 8.000 euros, en le déclarant coupable de complicité de détournement de fonds publics.
Il compte faire appel. Des délits reprochés à trois de ses collaboratrices, qui écopent elles de peines allant d'un mois à un an de prison avec sursis. Henri Plagnol, ancien secrétaire d'État sous Chirac, et l'ensemble des condamnés doivent rembourser solidairement 230.000 euros à la ville de Saint-Maur, pour son préjudice matériel. "On va immédiatement faire appel", a annoncé son avocate, Emmanuelle Kneuse. Le patron de Bygmalion, Sébastien Millot, écope lui de la plus lourde condamnation dans ce dossier : 15 mois d'emprisonnement, dont six ferme, pour recel de détournement de fonds. L'employé d'Idéepôle poursuivi a lui été relaxé.
Un marché dénoncé par son ancien adjoint. Lors de son procès en septembre, Henri Plagnol avait crié au complot politique, fomenté selon lui par son ancien adjoint frondeur et actuel maire de Saint-Maur, Sylvain Berrios, arrivé à la tête de la ville en 2014 au terme d'une élection fratricide. C'est lui qui en 2013, alors qu'il venait de ravir son siège de député à Henri Plagnol, dénonce un marché de communication entre la ville de Saint-Maur et l'agence Idéepôle, filiale de Bygmalion. Un nom qui sent alors le soufre, car cette société, dirigée par des proches de Jean-François Copé, est mise en cause dans l'affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy.
280.000 euros de dépenses douteuses. Entre 2009 et 2013, Saint-Maur a réglé une soixantaine de factures à Idéepôle. Parmi elles, six étaient litigieuses, pour presque 280.000 euros de dépenses douteuses. Les documents, que certains fonctionnaires refusaient de signer, concernaient des guides municipaux, facturés avec des surplus pour "frais d'urgence" ou de "conseil post-création" difficilement justifiables. "Il n'y a pas eu d'enrichissement personnel" dans cette affaire, avait toutefois jugé le parquet à l'audience. Elle "peut peut-être se lire à l'aune d'un règlement de comptes politique", avait estimé la procureure. Mais Henri Plagnol a "ignoré les alertes" de certains employés municipaux et ses actes "ont conduit la mairie de Saint-Maur à payer des choses indues à la société Idéepôle", avait-elle reproché.