Certains grands chefs attendent parfois toute une vie d’avoir une étoile au Guide Michelin. Jérôme Brochot, lui, a décidé de la "rendre", ou au moins de ne plus la revendiquer.
"Ça me fait beaucoup de peine". Propriétaire du restaurant "Le France" à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire, ce chef bourguignon a décidé de renoncer à son précieux sésame, acquis depuis 2005. En cause, la crise économique qui touche sa région. Le chef bourguignon explique avoir perdu 80% de sa clientèle, qui n'a plus les moyens de venir chez lui. "C'est un crève-cœur, ça me fait beaucoup de peine. Mais on n'a pas le choix. Pour Montceau-les-Mines, c'est un peu compliqué d'avoir une étoile. Ça fonctionne avec environ deux services par semaine, le samedi soir et le dimanche midi. Aujourd'hui, ça ne suffit plus", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Faire revenir les clients avec des prix plus bas. C'est donc bel et bien pour sauver son restaurant que Jérôme Brochot a pris cette douloureuse décision. "Il y a des étoilés qui sont chefs dans des établissements, et il y a des étoilés comme moi, qui sont chefs propriétaires et qui doivent rendre des comptes à la banque", souligne-t-il, amer. Le chef cuisinier promet de continuer à "travailler des produits de qualité, mais ce sera moins onéreux". "On espère développer une nouvelle activité, et faire revenir les gens. C'est important pour moi de voir du monde dans mon restaurant", soutient-il.
"Lorsqu'on aime un territoire, il faut le défendre". Mais ce choix, pour le moins retentissant, ne plait pas à tout le monde. La maire LR de Montceau-les-Mines, Marie-Claude Jarrot, estime que la ville est critiquée injustement. Dans un communiqué daté du 23 novembre, elle "regrette profondément cette décision et surtout les explications avancées par Jérôme Brochot. Et en particulier celle qui consiste à dire que 'la situation économique de l’ancien bassin minier est catastrophique'. Cette justification, que je ne partage pas, met à mal notre ville et le bassin minier. Elle ouvre aussi la porte à tous ces esprits chagrins qui n’existent que par la critique. (…) Lorsque l’on aime un territoire, il faut déjà le défendre, le porter. Sans angélisme mais avec l’envie de se battre. Ne jamais renoncer. C’est en parlant ainsi de son territoire sous prétexte qu’il ne serait pas en bonne santé économique, que l’on encourage ses détracteurs. C'est regrettable. C'est dommage."