Les parquets sont de plus en plus nombreux à se dire saturés. A Marseille, par exemple, il manque quatre magistrats, c'est-à-dire 10% des effectifs, faute de budgets. Et les conséquences sont très concrètes.
"Aucune autre administration ne supporte une telle charge de travail". Le procureur de Marseille, Brice Robin, cite la journée du 19 juin, où il y a eu 65 présentations devant la justice. Les débats devant le juge des libertés et de la détention ont duré près de 20 heures, sans discontinuer, pour se terminer le lendemain matin. "Je pose la question : est-ce que c'est normal ? Aucune autre administration ne supporte une telle charge de travail. Il est de mon devoir, en tant que chef de juridiction, d'être vigilant sur l'état de santé des gens qui travaillent dans ce parquet", explique-t-il. "Le risque, c'est de commettre des erreurs et de se faire sanctionner, parce qu'au bout de 17 heures de travail, on a fait une bêtise."
Des dossiers en attente de traitement. Au sein du tribunal pour enfants, des dizaines et des dizaines de dossiers déjà jugés sont en attente de traitement, sans aucun suivi. "Toutes ces belles étiquettes, ça correspond à des dossiers qui ont été jugés", montre Martine, greffière. "Depuis septembre 2015, aucun de ces dossiers n'est sorti. Très souvent, on peut se retrouver avec un mineur qui va être rejugé. Six mois après, sa peine n'est pas inscrite sur son casier. Au niveau de l'exécution des peines, il y a un manque flagrant de personnes. On passe notre temps à jongler", se plaint-elle.
Et le procureur de Marseille de rappeler que le budget moyen de la justice, en France, est de 61 euros par habitant, deux fois moins que dans le reste de l'Europe.