Dimanche, vos paternels sont à l'honneur. Moins d'un mois après la fête des mères, c'est au tour des "papas" d'être célébrés. Gravée dans la loi depuis 1950 pour l'une, officialisée en 1952 par décret pour l'autre, ces fêtes bénéficient, en France et dans de nombreux pays, d'une certaine reconnaissance au sein de la société. Mais à quoi servent-elles vraiment ? Nous avons posé la question à Michel Billé, sociologue spécialiste de la famille.
Fêtes des mères, des pères, des grands-mères, des grands-pères… Toutes ces fêtes ont-elles vraiment une utilité pour la société ?
"Je ne voudrais pas être trop sévère avec elles. Elles ont, certes, une forte dimension commerciale. Les fleuristes, par exemple, réalisent une grande partie de leur chiffre d'affaires pendant la fête des mères (pour rappel, la fête des pères a été inventée par un fabricant de briquets). Mais ces échanges commerciaux ont leur importance au sein de notre société. Cela forge des liens sociaux, cela fait partie de notre Histoire".
Et au-delà de l'aspect commercial ?
"Je pense que cela permet d'activer ou de réactiver des liens affectifs. On ne saisit pas si souvent que ça l'occasion de dire à nos proches qu'on les aime. Notre société connaît beaucoup de divorces, d'éloignements des familles. Et ce genre de fêtes peut constituer un moyen, une occasion de se rapprocher. Un petit SMS à son père que l'on n'a pas vu depuis des mois, un petit 'bonne fête papa, je pense à toi', ce n'est pas grand-chose mais cela peut faire pleurer le père d'émotion ! Ce type de fêtes peut pousser les gens, qui ne le feraient pas naturellement, à renouer des liens au sein de nos constellations familiales bousculées".
Inversement, l'absence de ce genre de "petit SMS" peut rendre malheureux…
"Oui, mais rien n'empêche au père de saisir de l'occasion de cette fête pour envoyer, lui, un SMS, un 'je pense à vous et je vous aime'. Ça aurait de l'allure ! C'est une belle manière d'inviter ses enfants à renouer du lien. Je pense aussi aux pères qui élèvent des enfants qui ne sont pas les leurs, dans les familles recomposées. Lors de ce genre de fêtes, ils peuvent se sentir gênés. Mais ils peuvent aussi se dire 'flûte, je vais faire la fête avec eux'. Être père, ce n'est pas forcément que biologique".
Toutes les fêtes ont-elles la même utilité ?
"Toutes les fêtes ne sont pas considérées de la même manière en France. La fête des mères, ou la fête des grands-mères, sont bien plus célébrées que celles des pères et des grands-pères (lire nos explications sur ce sujet ici). La fête des grands-pères (la prochaine a lieu le 2 octobre 2016), généralement, personne n'y pense ! Pourtant, ces quatre fêtes peuvent toutes être utilisées pour réactiver du lien. Il ne tient qu'à nous de le faire et de diffuser ce discours-là. Il ne faut pas attendre que l'on s'intéresse à nous mais essayer de franchir le pas nous-même".