Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a annoncé mardi la destruction de deux barrages hydroélectriques situés sur la Sélune, à 30 km du Mont Saint-Michel dans la Manche.
"Un fleuve côtier". L'objectif est la "restauration complète du fleuve côtier", qui se jette dans la baie du Mont Saint-Michel, et de sa "biodiversité", une opération "unique en Europe", ajoute le ministère dans un communiqué. Il s'agit du barrage dit de Vezins (26 mètres de haut, 280 mètres de long), propriété de l'Etat, et de celui de La Roche-Qui-Boit, propriété d'EDF, selon l'Etat. Ils produisent 0,04% de l'électricité française.
Des vidanges pour enlever de sédiments toxiques. Une décision en ce sens avait déjà été prise en 2009 par Paris pour "mettre le site en conformité avec le droit européen". Mais en 2014, Ségolène Royal, alors ministre, l'avait suspendue en estimant qu'il fallait étudier des solutions alternatives. "On ne met pas 53 millions d'euros pour faire passer les poissons", avait alors dit Ségolène Royal, assurant que le coût du projet d'arasement était de 38 millions d'euros auxquels il fallait rajouter 15 millions d'euros pour renaturaliser le site. Cet arasement est en effet contesté localement car il implique la disparition d'une base nautique. Ségolène Royal avait alors affirmé qu'il y avait un risque que les sédiments toxiques libérés par la destruction des barrages aillent polluer la baie du Mont Saint-Michel.
L'Etat avait ensuite lancé en 2016 la vidange très progressive du fleuve, qui doit s'achever début 2018, mais sans trancher sur le sort des barrages. La dernière vidange, en 1993, avait provoqué une grave pollution de la baie classée au patrimoine mondiale de l'Unesco.
"Retour naturel d'espèces". La "déconstruction du barrage de Vezins s'étalera du printemps 2018 à l'automne 2019. Ces travaux se poursuivront par ceux du barrage de la Roche-Qui-Boit", précise le ministère dans son communiqué de mardi. "90 km de cours d'eau seront entièrement ouverts à la reconquête de la biodiversité, notamment grâce au retour naturel d'espèces aquatiques emblématiques comme le saumon de l'Atlantique et l'anguille européenne", ajoute-t-il. En 2010, la cour administrative d'appel de Nantes avait mis en demeure EDF d'"assurer la circulation des grands migrateurs au droit des ouvrages de La Roche-Qui-Boit et de Vezins" avant 2014.