Le Parlement européen a donné mercredi son feu vert à la poursuite de l’utilisation des phosphates dans la viande de kebab, cette recette turque de viande grillée dont l’Allemagne est friande, faute de majorité absolue pour s'y opposer. Il s’en est fallu de trois voix pour interdire ces agents d’aspect et de texture, des additifs utilisés par les industriels pour lier les morceaux de viande et favoriser une cuisson homogène. Ils sont également soupçonnés d’augmenter les risques de pathologies cardiovasculaires.
Un vide juridique. Leur interdiction depuis 2008 dans les préparations à base de viande souffre toutefois d'un certain nombre d’exceptions, notamment dans les charcuteries, mais le kebab n’y figure pas. Un vide juridique qu’a voulu combler la Commission européenne avec un règlement sur "l’utilisation d’acide phosphorique, de phosphates, de diphosphates, de triphosphates et de polyphosphates" dans les "broches de viandes congelées verticales". Le veto adopté fin novembre par la commission de la santé publique et de l’alimentation du Parlement européen avait suscité un vif émoi en Allemagne où sont produits 80% des broches de kebab consommées en Europe. Le débat qui a précédé le vote parlementaire a ravivé les passions entre les tenants du réalisme industriel et ceux du principe de précaution.
Réévaluation dans un an. "Sans phosphates, pas de kebab", a asséné Renate Sommer, députée chrétienne-démocrate allemande, accusant ses adversaire de "menacer des dizaines de milliers d’emploi" et de "souhaiter la fin de la viande de kebab en Europe". "Ce que vous faites, c’est semer la panique à la puissance dix. On peut produire du Doner Kebab sans phosphates", a répliqué sa compatriote sociale-démocrate Susanne Melior. La victoire des partisans du phosphate dans le kebab pourrait toutefois n’être qu’un sursis. L’Autorité européenne de sécurité des aliments doit réévaluer d’ici fin 2018 l’utilisation des phosphates comme additifs alimentaires à la demande de la Commission européenne.