A partir de ce mercredi, comme le prévoyait le calendrier annoncé par Jean Castex, plusieurs restrictions sanitaires sont levées. Il n’y a désormais plus de jauges dans les lieux qui reçoivent du public, par exemple dans les stades ou les salles de spectacle. Le télétravail, même s’il reste recommandé, n’est plus imposé. Et enfin, le masque n’est plus obligatoire en extérieur, dans toutes les villes de France. Mais cette mesure ne fait pas l'unanimité. Si elle est vécue par certains comme un soulagement, d'autres sont inquiets et frileux à l'idée de ce relâchement.
A Lyon, où s'est rendue Europe 1, beaucoup n'en pouvaient plus du masque en extérieur, mais ils n'étaient pas forcément au courant que la fin de l'obligation, c'était aujourd'hui. C'est le cas de Brigitte, surprise de l'apprendre. "C'est super ! Au moins on arrive à progresser. Je suis vaccinée donc il y en a marre de toutes ces doses, tout ça... Il faut nous laisser vivre", se réjouit-elle.
Pour d'autres ce n'est pas vraiment une révolution, car il faut reconnaître qu'un relâchement s'est fait sentir ces derniers temps, comme le constate Gaëtan. "Ca ne change pas grand chose, plus grand monde ne le portait en extérieur", assure-t-il. "On n'était pas trop embêté par les policiers, il y a de plus en plus de personnes vaccinées donc à un moment il faut relâcher."
À Calais, on préfère maintenir l'obligation
Et puis il y a ceux - et leur nombre n'est pas négligeable- qui considèrent qu'il vaut mieux rester un peu prudent. "Je vais le garder puisque l'épidémie court toujours", explique une passante. "Je le garde quand même par prudence. Je suis vaccinée mais je préfère le porter vis-à-vis des autres. C'est ancré dans mes habitudes", assure une autre. Tout le monde ne desserre pas l'étau en France en effet. C'est également le cas à Calais, où la maire Natacha Bouchard vient de publier un arrêté municipal pour obliger le port du masque en ville. Elle estime que compte tenu du nombre des contaminations, il ne faut pas baisser la garde.
"Dans l'agglomération nous avons un taux d'incidence à 3.836 pour 100.000 habitants, ce qui est trop élevé. Que ce soit au sein des services de la ville, de l'agglomération, des structures annexes comme les crèches ou les écoles, on a beaucoup de taux de positivité", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "Et le dernier signalement que j'ai eu est celui de l'hôpital de Calais, où on me dit que c'est très difficile, qu'il y a beaucoup de personnels soignants ou d'administrations malades. La situation est très tendue et, de fait, ils vont peut-être devoir déprogrammer des opérations qui étaient prévues."
Ne pas "tomber dans la complaisance"
Invité sur Europe Midi mercredi, l'infectiologue et directeur médical référent Covid-19 à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, Benjamin Davido, a estimé qu'il faut rester prudent. "La partie n'est pas gagnée. Si vous regardez les contaminations en Angleterre, il y a une récidive avec une augmentation depuis qu'ils ont levé toutes leurs restrictions. Alors ça ne veut pas dire qu'il faut être catastrophé, mais ne tombons pas dans la complaisance en considérant que la vague est derrière nous. Le pic vient d'être atteint au niveau des contaminations et il faut que l'on puisse tourner la page de l'hôpital le plus vite possible", a-t-il affirmé.
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Pour autant, le tempo semble être le bon pour lever les restrictions selon le spécialiste. "Aujourd'hui on a un variant qui a été démontré scientifiquement comme moins responsable de formes graves. Il n'en est pas moins que ça reste une maladie sévère et ce n'est pas une grippe pour tout le monde [...] J'espère qu'Omicron permettra d'arriver à quelque chose de saisonnier, c'est-à-dire en caricaturant, une vague qui démarre à l'automne et s'arrête à l'hiver. Et que le reste du temps les Français pourront vivre comme avant."
Quant à l'effet du pass vaccinal sur l'épidémie, Benjamin Davido a rappelé qu'il est avant tout "un pass de l'immunité". C'est pouvoir vivre avec une maladie sans se tester. Et le paradoxe, c'est que l'on n'a pas encore réussi à changer cette politique des tests : le fait d'avoir été malade ou d'avoir été vacciné fait qu'on considère qu'on est très protégé des formes graves. Et en réalité, le bénéfice de se tester aujourd'hui est quasiment nul."