Nicolas Sarkozy a de nouveau été entendu le 4 juin à Paris par les juges d'instruction qui l'ont mis en examen l'an dernier, le soupçonnant d'avoir détourné des fonds libyens pour financer sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, a appris l'AFP mercredi de source proche du dossier.
Refus de répondre aux questions
L'ancien président de la République a refusé de répondre aux questions des magistrats du pôle financier du tribunal de Paris, mettant en avant les recours déposés par son avocat Thierry Herzog, selon cette source, confirmant des informations des quotidiens Le Monde et Libération.
Ces recours, et ceux de plusieurs autres personnes mises en cause, doivent être examinés le 17 octobre par la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris, a appris l'AFP de source judiciaire. "Répondre aujourd'hui à vos questions, ce serait reconnaître votre compétence", a déclaré Nicolas Sarkozy dans le bureau des juges, au nouveau tribunal de Paris, selon Libération.
Mis en examen en mars 2018
"Je suis mis en examen pour avoir abusé de mes fonctions publiques au service d'un État étranger", a-t-il ajouté, selon le quotidien. "Cette question est sérieuse et j'attends qu'elle soit tranchée par les juridictions compétentes", a-t-il conclu avant de garder le silence. Il faisait allusion à la Cour de justice de la République, seule habilitée à juger les actes des ministres dans l'exercice de leurs fonctions. A l'époque des versements présumés, entre 2005 et 2007, Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur.
Nicolas Sarkozy, qui nie les faits qui lui sont reprochés, a été mis en examen le 21 mars 2018 pour "corruption passive", "recel de détournements de fonds publics libyens" et "financement illégal de campagne électorale" par les juges Serge Tournaire, Aude Buresi et Clément Herbo. Ouverte depuis 2013, cette enquête examine les accusations de financement libyen, formulées par l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine et d'anciens dignitaires libyens, tandis que d'autres les ont démenties. L'affaire a démarré en mai 2012, avec la publication par le site Mediapart d'un document libyen accréditant la thèse d'un financement d'environ 50 millions d'euros, pour permettre notamment à la Libye de sortir de son isolement diplomatique.