"Les rochers éclataient à cause de l'acidité du produit. Le soir, je rentrais avec les yeux rouges", a raconté un employé d'un sous-traitant d'Arcelor à Florange chargé de transporter l'acide servant à décaper l'acier jusqu'à un centre de recyclage, à France Bleu Lorraine lundi. De l'acide utilisé sur un site du groupe sidérurgique a été déversé dans un dépotoir où il n'aurait pas dû l'être, ont affirmé mardi les autorités locales à l'issue d'une réunion avec la direction de l'entreprise qui nie toute responsabilité.
"Les rochers craquaient". L'ancien salarié qui témoigne anonymement affirme qu'il a déversé 24m3 d'acide tous les jours pendant ses trois mois de contrat. "Je transportais l'acide usagé. J'arrivais à Florange et là je me retrouvais dans un crassier à brancher mes tuyaux et déverser mon chargement en pleine nature, directement au sol". L'homme indique que les rochers craquaient sous l'acidité du produit. Et pour accéder à ce "crassier", les salariés d'Arcelor lui donnaient des bons de livraison. "Les bons n'indiquaient pas que c'était de l'acide, seulement que c'était de la boue de fer ou de la boue d'épuration", a-t-il confié à la radio.
Des déversements avérés. "Il y a bien eu des déversements d'acide" dans le crassier de Marspich, où vont les déchets de l'usine ArcelorMittal de Florange, "mais on en ignore encore l'importance", a indiqué mardi Michel Liebgott, le président de la communauté d'agglomération du Val de Fensch, à l'issue d'une réunion avec les maires de Florange et Hayange ainsi que la direction d'ArcelorMittal.
"Pour l'instant, ce qui est avéré c'est qu'il y a eu des versements d'acide, mais on n'en connaît pas l'importance", a expliqué Michel Liebgott. "Nous devons nous revoir la semaine prochaine, une fois que les enquêtes menées en interne par Arcelor ainsi que par la Dréal (direction régionale de l'environnement, NDLR) seront terminées", a-t-il ajouté, précisant que "la communauté d'agglomération se pose la question de porter plainte contre X".
Un scandale sanitaire ? Le groupe sidérurgique a, quant à lui, nié toute responsabilité dans ces "prétendus versements", et ordonné l'ouverture d'une enquête interne "pour faire toute la lumière sur les faits". S'ils étaient avérés, "ils seraient extrêmement graves et contraires à toutes les règles d'ArcelorMittal en matière de gestion des résidus", ajouté le groupe. L'entreprise, qui envisage de déposer plainte, affirme également qu'"aucun risque sanitaire ni environnemental pour les populations n'est à signaler".
Pour Lionel Burriello, responsable CGT au sein de l'usine, qui a assisté lundi à un CE extraordinaire sur la question, il s'agit "de témoignages graves. S'ils sont avérés, ce serait un nouveau scandale sur Florange". "S'ils sont faux, nous demandons à la direction de nous prouver que ces propos sont diffamatoires, parce que ça écorne l'image de notre entreprise. On demande des explications, ni plus ni moins. Que les choses soient avérées ou non", a ajouté Lionel Burriello, dont le syndicat entend demander une troisième expertise par un cabinet agréé par le ministère du travail, indépendant d'Arcelor et de la Dréal.