Derrière le mot un peu barbare de "procrastination" se cache un comportement bien contemporain. "On procrastine tous, constate la journaliste conférencière Florence Servan-Schreiber, invitée avec le rappeur Orelsan d' "Il n'y en a pas deux comme elle" mardi. C'est un phénomène de compensation : il y a quelque chose qui nous attend et lorsqu'on y pense, cela nous procure des émotions déplaisantes. Donc on choisit de faire autre chose qui va nous donner une émotion plaisante. C'est ça procrastiner". Concrètement, une facture d'électricité attend d'être payée ou une assiette d'être lavée : vous choisissez de le faire plus tard. Tout le monde, ou presque, est déjà passé par là. Au point que la procrastination a même sa Journée mondiale, le 25 mars.
5% de cas inquiétants. Si tout le monde procrastine, la question de la répétition du phénomène peut poser problème chez certaines personnes. "Certains sont dans une situation de refus d’obstacle", précise Florence Servan-Schreiber. Pour les cas les plus graves, il peut y avoir "une prise en charge psychologique". Mais cette gravité reste mineure. Dans la grande majorité des cas, la procrastination est inoffensive et elle peut même se révéler positive.
"Remettre à demain, cela permet aussi de trouver de l’inspiration. Il ne faut pas sous-estimer l’inaction dans la créativité", indique ainsi le rappeur Orelsan, dont le film Comment c'est loin sort le mercredi 9 décembre. "C'est délicieux de procrastiner !", raconte Florence Servan-Schreiber, "on va éprouver de la honte et de la culpabilité mais il faut apprendre à nous pardonner", explique la journaliste conférencière.
Une question d'âge ? Dans le film d'Orelsan, co-réalisé avec Christophe Offenstein, le rappeur et son acolyte Gringe n'arrivent pas à écrire leur album et repoussent l'échéance à plus tard. Les personnages sont en pleine transition, entre l'adolescence et l'âge adulte. Cette étape de la vie est souvent montrée du doigt pour désigner les procrastinateurs. "C'est vrai que c'est une période où on ne sait pas trop où on va. C’est difficile de se mettre en route donc on se dit : 'Sur mon canapé, je ne suis pas si mal que ça'. Se lever et aller vers quelque chose que je ne connais pas, c’est terrifiant", conclut Florence Servan-Schreiber.