La grande mosquée de Paris (GMP), une des principales fédérations de mosquées, a annoncé lundi son refus de participer à la mise en place des nouveaux chantiers de "l'islam de France", en dénonçant "toute forme d'ingérence dans la gestion du culte musulman".
La grande mosquée de Paris se retire. La fédération nationale de la grande mosquée de Paris "décide de ne pas participer aux travaux de mise en place de la Fondation de l'islam de France et de son conseil d'orientation ainsi qu'à ceux de la mise en place de l'association cultuelle", écrit-elle dans un communiqué. Lors de la troisième "instance de dialogue avec l'islam" en décembre, le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, avait affiché sa volonté d'"aller vite" pour doter la deuxième religion de France d'instruments de financement "transparents".
Beaucoup de retard. Désormais opérationnelle sous la présidence de Jean-Pierre Chevènement, la Fondation de l'islam de France, laïque, devrait soutenir notamment la formation profane des imams et aumôniers. En plus de cette fondation, une association cultuelle nationale doit être mise sur pied pour financer de manière transparente des projets en matière religieuse, comme la formation théologique des imams et la construction de mosquées. Mais cette structure stratégique, qui pourrait disposer d'une "contribution volontaire sur le halal", peine à voir le jour, sur fond de rivalités entre fédérations.
Les acteurs se divisent. Le recteur de la GMP, Dalil Boubakeur, 76 ans, s'est vu confier la présidence du "conseil d'orientation" de la fondation, chargé de sélectionner les projets à financer. Or ce fauteuil est jugé insuffisant du côté de la GMP, dont la fédération - liée à l'Algérie - rassemble 250 des 2.500 mosquées de France. Le recteur Boubakeur, qui n'a plus le leadership sur le Conseil français du culte musulman (CFCM), semble vouloir garder la main. Il s'est ainsi allié au président de l'UOIF (proche des Frères musulmans) Amar Lasfar et au président d'honneur du CFCM Mohammed Moussaoui pour appeler à une concertation, mardi, sur la "charte de l'imam" en cours de finalisation et l'association cultuelle de financement.
Mais "aucun président de fédération ne viendra à sa table", affirme à l'AFP une source proche du Conseil du culte, qui dénonce la volonté de Dalil Boubakeur de préempter les dossiers du CFCM. De source proche de l'Intérieur, on considère que "le pire danger est la division des acteurs" de l'islam. "Le gouvernement ne se satisfait pas de cette volonté de ne pas participer" aux chantiers en cours, commente-t-on.