Le grenelle contre les violences conjugales s'est achevé lundi, après trois mois de débats. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé depuis Matignon quelques-unes des mesures adoptées suite à ces discussions.
Edouard Philippe a tout d'abord promis des politiques d'urgence, qui seront concrétisées dans les prochaines semaines. Parmi elles, l'ouverture de 1.000 nouvelles solutions d'hébergement pour les victimes, ainsi que la mise en place de bracelets "anti-rapprochement", "adoptée par le Parlement à la quasi-unanimité".
Traitement des violences "à la racine"
Il a également assuré que l'autorité parentale des "conjoints meurtriers" serait désormais systématiquement suspendue afin d'"éviter des situations parfaitement choquantes". Autre mesure immédiate, l'envoi à toutes les brigades d'une "grille d'évaluation des violences conjugales", pour aider les autorités à mieux apprécier les dangers.
Pour les mesures au plus long cours, Edouard Philippe a évoqué "trois axes à suivre". Le premier concerne le traitement des violences "à la racine". "Nous allons proposer aux enseignants des formations obligatoires sur l'égalité entre les filles et les garçons", a assuré le Premier ministre. Elles doivent d'après lui contribuer à "éradiquer de notre inconscient tout ce qui peut nourrir le machisme ordinaire."
Abrogation d'"absurdités juridiques"
Deuxième axe d'action, la protection des victimes et de leurs enfants. "A partir des premières violences, physiques ou non, chaque minute compte." Edouard Philippe a annoncé la création de 80 postes d'aides psychologiques dans les brigades, "maillons essentiels de l'accueil", qui s'ajouteront aux 210 postes actuels. Il a aussi promis d'abroger certaines "absurdités juridiques", notamment celles qui obligent les enfants à porter une assistance alimentaire à leurs pères, "même quand celui-ci a assassiné leurs mères".
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Sur la question débattue d'une éventuelle levée du secret médical, qui permettrait à un docteur de prévenir les autorités si l'une de ses patientes est victime de violences, le Premier ministre a évoqué un recours "exceptionnel", qui pourrait désormais s'appliquer en cas d'"extrême urgence". Les conditions concrètes sont actuellement discutées entre le gouvernement et l'Ordre des médecins.
Prise en charge des agresseurs
Le troisième axe abordé par Edouard Philippe concerne le suivi et la prise en charge des auteurs de violences, "trop longtemps mis de côté". Il a annoncé un appel à projet pour que deux centres de prises en charge des hommes violents soient ouverts dans chaque région de France. "Ce devrait être aux agresseurs de partir, pas aux victimes", a-t-il souligné.
Pour assurer la bonne mise en oeuvre de toutes ces politiques publiques, Edouard Philippe a promis d'allouer en 2020 "plus d'un milliard d'euros à l'égalité femme-homme", dont 300 millions seront réservés à la lutte contre les violences faites aux femmes.