La rétention des mineurs a augmenté de 70% l'an dernier en métropole pour atteindre le niveau record de 304 enfants enfermés, avec 147 familles, ont affirmé mardi les associations, qui dénoncent l'efficacité "très limitée" de cet enfermement des sans-papiers en vue de leur éloignement.
"Cet enfermement pourrait être facilement évité." "La rétention des enfants accompagnants dans certains CRA atteint encore cette année un chiffre record, alors que cet enfermement pourrait être facilement évité", soulignent dans leur rapport annuel les associations autorisées à intervenir en centres de rétention administrative (CRA).
46.800 personnes placées en rétention. En 2016, 179 enfants avaient été enfermés avec 88 familles en métropole. À Mayotte, en proie à une forte immigration en provenance des Comores, 2.493 mineurs ont été placés en rétention l'an dernier. Or, les CRA sont "des lieux inadaptés et très traumatisants pour les enfants", estiment les associations, en rappelant "les nombreuses décisions condamnant cette pratique". Au total, plus de 46.800 personnes ont été placées en rétention l'an dernier (dont 26.500 en métropole), contre 45.900 en 2016, soulignent les associations (Assfam-Groupe SOS, Forum Réfugiés-Cosi, France Terre d'Asile, Cimade, Ordre de Malte, Solidarité Mayotte).
Polémique autour des politiques migratoires en Occident. La rétention des mineurs a créé des tensions jusque dans la majorité lors de l'examen du controversé projet de loi asile-immigration, qui vise à doubler à 90 jours la durée maximale théorique de la rétention, et doit être adopté cet été. Les mineurs placés en rétention le sont en famille, la France ne séparant pas parents et enfants, à l'inverse des Etats-Unis où 2.300 mineurs ont été arrachés à leurs parents à la frontière mexicaine, suscitant un tollé international qui a contraint l'administration Trump à faire machine arrière.
Des enfants de moins de six ans. En France, leur rétention est également courte : 70% des familles ont été enfermées pour organiser leur transfert, "souvent la veille pour un départ le lendemain". Mais les enfants concernés sont jeunes : l'an dernier la moitié (52%) avaient moins de six ans, un quart entre 6 et 12 ans, ajoute le rapport. Pour les associations, la rétention "banalisée et détournée" est "trop souvent inutile et déshumanisante" et "un changement de cap" devient "plus que jamais nécessaire". Au total, 10.114 personnes ont été expulsées à partir des CRA de métropole l'an dernier, soit un taux d'éloignement de 40,4% (contre 44% en 2016).