Des centaines de tracteurs ont bloqué des axes routiers dans plusieurs régions de France, mardi, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs.
Sentiment de rejet, opposition aux zones de non-traitement aux pesticides ou aux accords commerciaux : les agriculteurs manifestaient mardi dans toute la France en bloquant les axes routiers à l'appel du syndicat majoritaire, la FNSEA, et des Jeunes agriculteurs.
Sous le slogan, "France, veux-tu encore de tes paysans ?", la mobilisation a commencé mardi matin tôt dans l'Aisne, le Var et la Drôme, et devait atteindre son point fort en début d'après-midi avec le blocage prévu d'axes routiers majeurs, dont de nombreuses autoroutes.
"On nous assomme avec des normes à n'en plus finir"
L'objectif de ces manifestations: "se montrer sur les routes, tracter au niveau des ronds-points, s'adresser aux représentants de l'État", a indiqué Xavier Benoist céréalier, lors d'un blocage à Chateau-Thierry, dans l'Aisne. La mobilisation était importante en milieu de journée dans l'Est de la France où une centaine de tracteurs bloquaient l'autoroute A4 aux abords de Strasbourg. Dans l'ensemble du Bas-Rhin, peu avant 13 heures, plus de 500 tracteurs étaient encore en train de converger vers cinq points de blocage, essentiellement sur les autoroutes A35 et A4, générant "plusieurs kilomètres de bouchons" derrière les convois, sans qu'aucun autre incident n'ait été relevé, a-t-on appris auprès de la préfecture. Dans le Haut-Rhin, environ 120 tracteurs bloquaient la jonction entre l'A35 et l'A36
"Le problème est politique, d'un côté on a un discours qui parle d'agriculture forte, vivante et de l'autre on nous assomme avec des normes à n'en plus finir, sans parler des traités de libre-échange et de l''agribashing', alors qu'on est une agriculture reconnue comme vertueuse", a dénoncé Fabrice Couturier, président de la FDSEA de Moselle où les agriculteurs organisent des barrages filtrants à Metz, Thionville et Sarrebourg.
Parmi les dernières normes envisagées, les zones de non-traitement aux pesticides ont mis le feu aux poudres. "L'interdiction à 10 mètres des maisons, ça représente dans l'Aisne 10.000 hectares non cultivés, ça veut dire l'équivalent de 80.000 tonnes de blés non produites, soit 1,5 million d'euros de manque pour les agriculteurs", a expliqué Benoit Davin, référent FDSEA pour l'arrondissement de Soissons.
"Il faut savoir si on veut encore des agriculteurs ou pas"
En Île-de-France, 200 tracteurs étaient mobilisés selon la FDSEA, dans le Val-d'Oise, les Yvelines, l'Essonne, le Val-de-Marne et en Seine-et-Marne. "Dans ce pays il faut savoir si on veut encore des agriculteurs ou pas. Il faut arrêter de faire croire au consommateur que ce qui vient de l'étranger c'est magnifique et ce que produit l'agriculture française c'est de la cochonnerie", a témoigné François Lecoq, représentant de la FDSEA Ile-de-France, en ajoutant que "l'agriculture française est la plus surveillée, la plus tracée, la plus contrôlée".
Une centaine de tracteurs ont convergé vers des points de ralliement dans la Marne, tandis que plusieurs dizaines de tracteurs bloquaient les villes de Toulouse, Montauban et Agen, dans le Sud-Ouest. Des blocages avaient également lieu en Ille-et-Vilaine, autour de Calais, de Caen ou de Dijon. Dans l'Hérault et dans le Vaucluse, une cinquantaine d'agriculteurs, selon la FDSEA, une trentaine selon la gendarmerie, étaient partis de l'entrée d'autoroute d'Avignon Sud pour effectuer une opération escargot sur les trois voies de l'A7.