Pour le ministère public, c’est le juste prix de la "trahison", celui à payer pour avoir "sacrifié tous les principes pour l’appât du gain". Ce mercredi, la procureure Eliane Houlette a requis trois ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité à l’encontre de l’ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac. La peine est de son propre aveu, "sévère", car non aménageable, mais s’explique par la détermination de l’ancien ministre à dissimuler ses avoirs. "La vérité, c'est aussi un refus perpétuel de l'impôt. Seule la découverte de votre mensonge vous a contraint à régulariser votre situation. "
" Ce qui ne peut pas être réparé, c'est l'atteinte portée à ce pays "
Le couple s’est en effet acquitté en 2013 de 2,3 millions d’euros au titre d’un redressement fiscal majoré à 80%. "Ce qui ne peut pas être réparé, c'est l'atteinte portée à ce pays, devenu la risée de l'Europe et du monde", tonne la magistrate à l'issue de ses réquisitions. Elle a également demandé deux ans de prison ferme contre son ex-épouse, Patricia Ménard, qui a "surpassé" son mari "dans la dissimulation de ses avoirs au fisc".
3,5 millions d'euros. Un peu plus tôt dans la matinée, le vice-procureur Jean-Marc Toublanc a estimé à 3,5 millions d’euros le montant de leur patrimoine dissimulé en Suisse, à Singapour et sur l’île de Man. "Ils appartiennent aux plus gros fraudeurs que les autorités pénales peuvent connaître en France". Tous deux risquent sept ans de prison et un millions d’euros d’amende.
" Quel crédit pouvons-nous apporter à votre parole ? "
Le parquet s’est également montré très critique quant aux révélations fracassantes de l’ancienne étoile montante de la gauche. Au premier jour de son procès, Jérôme Cahuzac a affirmé que son compte ouvert en Suisse en 1992 était destiné à financer les activités politiques de Michel Rocard, dont il était un fervent soutien. "Nous ne saurons jamais si ce que vous dites est vrai. Quel crédit pouvons-nous apporter à votre parole ?", a interrogé Eliane Houlette. L’homme politique est en effet décédé cet été.
1,8 million d’euros d’amende ont été requis contre la banque genevoise Reyl et dix-huit mois de prison avec sursis et 375 000 euros d’amende contre son patron François Reyl. La banque suisse est suspectée d’avoir participé au blanchiment en renforçant l’opacité des avoirs, notamment en faisant transiter l’argent via des sociétés offshore enregistrées au Panama et aux Seychelles.