Sa première scène de crime, elle s'en souvient très bien. Frédérique Balland a 30 ans. En pleine nuit, elle reçoit un appel d'un commissaire de police de la brigade criminelle. "Il m'a dit 'Je passe vous prendre dans 15 minutes. On a un homicide. Quelqu'un qui a été retrouvé mort avec un morceau de chair humaine dans la bouche'", se souvient-elle au micro d'Europe 1, jeudi.
Des indices dans les détails. Pendant huit ans, Frédérique Balland, psychologue, intervient comme profileuse auprès de la brigade criminelle, à Versailles et au 36, quai des Orfèvres. Sur les scènes de crime, elle n'est "pas un policier de plus". Son rôle est "d'observer tout ce qu’il y a autour. Qui est la victime, quelles sont ses habitudes de vie, que peut-on en déduire de sa personnalité et donc, de son agresseur", décrit-elle. Ses indications ont permis plus d'une fois aux enquêteurs de trouver le coupable. "Je me souviens d'une affaire : le corps était recouvert d'une couverture. On voit qu’il y a quelque chose de l’ordre d’une culpabilité, que le fait de laisser le corps exposé est quelque chose de douloureux pour l’auteur". Pour la profileuse, il y a probablement un lien entre lui et sa victime. L'enquête prouvera que le meurtrier était un ex-petit ami de la victime. Frédérique Balland avait vu juste.
Le cas de Michel Fourniret. Les indices se cachent parfois là où on ne les attend pas. Lorsque Frédérique Balland a été amenée à s'entretenir avec Michel Fourniret, le violeur et tueur en série ne parlait pas. Pas un obstacle pour la profileuse. "Quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise ou ne dise pas, ça indique quelque chose", assure-t-elle. "Ce que cela disait de lui, c’était qu’il avait une volonté de puissance terrible et qu’il voulait toujours prendre le dessus. Ça dit beaucoup de choses aussi de l’enfant qu’il a été et qui ne s’est sans doute pas senti puissant et a voulu prendre une revanche", analyse-t-elle.
Un rythme éprouvant. Frédérique Balland a depuis arrêté ce travail et repris un cabinet de psychologue. Pas parce que l'addition des crimes lui pesait, mais pour le rythme intense que ce travail imposait. "Pendant huit ans, j’ai eu un bip à la ceinture, 24h/24. J’ai annulé des vacances. C’était le jour, la nuit, les week-ends... C’est une vie qui est géniale et qui en même temps est lourde", confie-t-elle. Malgré toutes ces contraintes, l'ex-profileuse l'avoue sans détour : "Oui", cette vie lui manque.