Pour éviter un nouveau manque de gaz, la France remplit ses stocks et ceux-ci ont déjà grossi de 15 points de pourcentage depuis fin avril. Afin d'avoir une part de gaz russe la plus faible possible, le gouvernement a trouvé différentes alternatives. Parmi elles, l'amplification des commandes chez les autres fournisseurs, à commencer par la Norvège.
Anticiper au maximum l'hiver. C'est la mission que s'est confiée la France, qui a déjà commencé à remplir ses stocks de gaz et les cuves sont presque à moitié pleines . Alors que la réserve a déjà grossi de 15 points de pourcentage en un mois avec une très faible part de gaz russe qui représente moins de 10% des approvisionnements européens, l'Hexagone a su trouver des alternatives. La première étant d'amplifier les commandes auprès des pays déjà fournisseurs de gaz. Parmi eux, la Norvège. Jacques Percebois, professeur émérite à l'université de Montpellier, décrypte les solutions envisagées par la France au micro d'Europe 1.
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Le Gaz liquéfié, le sauveur de la France ?
"La Norvège représentait entre 35 et 37% de l'approvisionnement. Et maintenant, sa part est légèrement montée pour atteindre pas loin des 40%", a-t-il expliqué. Il ne s'agit pas de la seule alternative choisie par la France qui a également massivement importé du GNL, du gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis. L'Hexagone a même été l'année dernière le premier pays importateur de GNL américain. "Les Américains ont beaucoup de gaz qui est liquéfié, grâce à des usines de liquéfaction dans le sud des États-Unis", a continué le professeur avant d'expliquer que le gaz arrive dans son état liquide lorsqu'il débarque dans les ports français.
Ce gaz liquéfié arrive par exemple au Havre, "à ce moment-là, il est de nouveau gazéifié et mis dans les tuyaux". Si ces importations ont permis à la France de prendre le relais du gaz russe, elles ont aussi eu un coût. D’abord car les prix du gaz sur le marché étaient élevés l'été dernier, au moment de remplir nos stocks. Mais ce n'est pas l'unique explication pour Francis Perrin, directeur de recherche à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) à Paris.
"Ça coûte évidemment très cher"
"Le GNL est une filière qui comprend trois éléments clés qui sont coûteux : il faut d’abord une usine de liquéfaction du gaz dans le pays exportateur. Chaque usine de liquéfaction du gaz coûte des milliards de dollars. Ensuite il faut une flotte de méthaniers pour transporter le GNL du pays exportateur au pays importateur, par exemple la France. Et des méthaniers ça coûte évidemment très cher", souligne le directeur.
"Enfin il faut dans le pays importateur un terminal pour réceptionner les méthaniers et re gazéifier le gaz naturel, pour que la France puisse ensuite envoyer ce gaz vers des consommateurs qu’ils soient domestiques, industriels ou autres. Donc intrinsèquement, c’est une filière qui toutes choses égales par ailleurs, est plus chère que la filière du gaz exporté par gazoduc", poursuit Francis Perrin.
Depuis quelques jours, le France peut profiter d'un faible coût du gaz pour continuer à remplir ses stocks sur le marché de référence du gaz européen. Le prix du mégawatheure est passé sous la barre des 30 euros le 18 mai dernier, son niveau le plus bas depuis deux ans.