La direction de Sciences Po Paris a décidé la fermeture de ses principaux locaux vendredi en raison d'une nouvelle occupation par quelques dizaines d'étudiants mobilisés pour Gaza. Et, ce vendredi, la police, qui bloquait la rue, est intervenue pour évacuer des militants pro-palestiniens.
Les principaux bâtiments de Sciences Po Paris étaient fermés vendredi matin , par décision de la direction en raison d'une nouvelle occupation par quelques dizaines d'étudiants mobilisés pour Gaza. Sur place, la police a débuté son intervention ce vendredi pour évacuer les dizaines de militants pro-palestiniens qui occupaient les locaux de l'école depuis la veille, a constaté l'AFP. Selon un étudiant de Sciences Po qui s'est exprimé auprès de la presse, "une cinquantaine d'étudiants étaient encore présents dans les locaux de la rue Saint-Guillaume" au moment où les forces de l'ordre sont entrées dans le bâtiment, une semaine après une mobilisation émaillée de tensions à Sciences Po Paris.
Le Comité Palestine, qui a tenu un point presse retransmis sur les réseaux sociaux vers 10H45, a annoncé "refuser le compromis" proposé par la direction de Sciences Po Paris . Ils affirmaient notamment s'attendre "à une intervention imminente de la police" pour les déloger. Un peu plus tôt, deux étudiantes de Sciences Po ne souhaitant pas donner leur identité ont déclaré à la presse présente au bout de la rue Saint-Guillaume que "dix étudiants sont en grève de la faim", sept sur le campus de Sciences Po Paris et trois sur celui de Reims, en "solidarité avec les victimes palestiniennes".
91 étudiants refusaient de quitter le hall d'entrée qu'ils occupaient. Ils forment une chaîne humaine, coude à coude, quand les forces de l'ordre entrent pour évacuer les lieux. Isham, du Comité Palestine, rejoint ses camarades sur le boulevard sous les applaudissements : "Une nouvelle fois, la ligne a été franchie. Ça fait deux fois que la police entre dans Sciences Po pour nous arrêter". Les slogans fusent comme "Tout le monde déteste Jean Bassères", président par intérim de Sciences Po qui reste sourd à la demande des étudiants mobilisés, comme Lucas : "La remise en cause des partenariats académiques avec les universités israéliennes. On avait organisé une discussion hier qui a été un simulacre".
"Table du dialogue"
Les actions menées par des étudiants en soutien à Gaza ont lieu principalement dans des établissements Sciences Po à travers la France, mais peu au sein des universités, alors qu'aux Etats-Unis les campus d'une quarantaine d'universités connaissent une vague de mobilisation , avec des interventions musclées de la police. Place de la Sorbonne, à quelques centaines de mètres de Science Po Paris, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) devait tenir pendant une bonne partie de la journée une "table du dialogue", avec plusieurs invités, dont le dessinateur Joann Sfar ("Le chat du rabbin").
À 14 heures, place du Panthéon, le rendez-vous est donné aux étudiants, à l'appel des syndicats. Environ 300 personnes réclament la fin de la guerre : "On est rentré dans une dérive très autoritaire du gouvernement qui ne veut pas que la jeunesse puisse débattre, s'organiser alors que finalement, les blocages dans les facs, ça a toujours existé. C'est comme ça que le mouvement étudiant s'est construit. Pourquoi réprimer des étudiants qui demandent la paix ? Ça me parait bizarre", affirme Arthur Sabatier, délégué général de l'UNEF.
"Nous voulons prouver qu'il n'est pas vrai qu'on ne peut pas parler du conflit israélo-palestinien. Pour cela, il faut mettre de côté ceux qui pointent du doigt les étudiants juifs comme complices du génocide", a déclaré le président de l'UEJF, Samuel Lejoyeux, sur Radio J. A Lille, l'entrée de l'ESJ (l'école de journalisme de Lille) était toujours bloquée, selon une journaliste de l'AFP. Les étudiants venus passer leurs examens à Sciences Po Lille entraient par l'arrière du bâtiment, après contrôle de leurs cartes d'étudiants.
"Sit-in pacifique"
Jeudi soir, la direction de Sciences Po Paris - qui accueille dans la capitale 5.000 à 6.000 étudiants - avait annoncé la fermeture de ses principaux locaux et invité étudiants et salariés à faire du télétravail. Après un débat interne sur le Proche-Orient organisé jeudi matin par la direction, que les étudiants du Comité Palestine ont jugé "décevant", ces derniers effectuent un "sit-in pacifique" dans le hall de l'école.
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A l'issue de ce débat de deux heures, auxquels ont participé professeurs et étudiants, l'administrateur provisoire de l'école, Jean Bassères, a répété qu'il n'était pas question, comme le réclament certains étudiants, d'"investiguer" les relations de Sciences Po avec des universités israéliennes.