Ils considèrent toujours que les réponses du gouvernement à l'expression de leur colère ne sont pas suffisantes. C'est pourquoi les "gilets jaunes", certes moins nombreux au fil des week-ends de mobilisation, ont lancé de nouveaux appels à manifester samedi 29 décembre, pour la septième fois depuis le début du mouvement le 17 novembre. Quelles seront les perturbations à Paris et en régions ? Europe 1 fait le point.
Des actions en régions
Vendredi, à la veille de ce septième samedi de mobilisation, de nombreuses discussions vont encore avoir lieu en régions pour définir les actions concrètes qui seront opérées. Certains "gilets jaunes" ont déjà pris les devants. À Hennebont, dans le Morbihan, les manifestants ont prévu une opération escargot. À Marseille, une marche pacifique sera organisée. À Tourcoing, Avignon ou Metz, des rassemblements devant la mairie sont prévus. À Saint-Avold, en Moselle, rendez-vous a été donné sur le rond-point où se relaient une cinquantaine de "gilets jaunes" depuis mi-novembre.
Dans le Tarn-et-Garonne, à Montauban, l'organisateur de l'événement Facebook de l'acte 7 prévient sur sa page : "Être pacifique ne nous aidera pas. À présent il faut se faire entendre et ne jamais reculer devant ceux qui veulent nous faire taire." Les modalités de la mobilisation ne sont pas encore arrêtées.
À Bordeaux, les "gilets jaunes" veulent "créer un effet de surprise", indique à Europe 1 un responsable local du mouvement. Depuis quelques jours, de nouveaux appels à manifestation sont lancés sur les réseaux sociaux pour des rassemblements sur la place de la Bourse avant un départ de cortège dans la ville, précise Sud Ouest. Sur Facebook, la page "Acte 7 : Surprise pour Juppé" affiche vendredi matin 1.400 participants et près de 6.000 intéressés. L'organisateur anonyme annonce un rassemblement à 13 heures avant un défilé, mais aucun détail n'est donné sur le parcours, toujours dans le but de surprendre les autorités.
Qu'est-il prévu dans la capitale ?
"C'est toujours difficile de prévoir ce qui va se passer, car cela dépend de plusieurs facteurs", répond sur Europe 1 Sylvain Boulouque, historien et enseignant à l'université de Cergy-Pontoise. "D'abord, la capacité de mobilisation des 'gilets jaunes', qui depuis le début est sur une pente déclinante. Cela dit, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas une minorité radicalisée qui ne soit pas capable de faire quelques coups d'éclat comme les semaines passées. On ne sait pas quelle forme de mobilisation ils vont employer et ce qu'ils ciblent. On reste dans l'expectative. Mais on a quelques indications. Il y a notamment plusieurs appels à manifestations dans des médias, dont je ne donnerai pas le nom, pour reprendre le pouvoir", détaille le spécialiste, qui étudie le mouvement depuis ses prémices. La majorité des médias nationaux se trouvent dans la capitale.
>> Écoutez l'intégralité de l'interview de Sylvain Boulouque, invité de la matinale de Pierre de Vilno vendredi :
Pour l'heure, à Paris, comme le week-end dernier, aucun programme ni point de rendez-vous précis n'a été donné, et un faux lieu de rassemblement pourrait même circuler dans la journée pour empêcher les forces de l'ordre de bien se préparer. Certains "gilets jaunes" entretiennent volontiers le doute sur un éventuel rassemblement à La Défense. Des affiches ont même été placardées dans les transports en commun d'Ile-de-France, comme le montre le tweet ci-dessous.
#Orly#Choisy#Vitry#Ivry#Créteil & #Thiais passés au crible. On est partout. La Défense, un leurre ? Surprise. RDV samedi 29 et lundi 31 les amis ! On promet de taper fort ce week-end. #GiletsJaunes#GiletsJaunes94pic.twitter.com/WCcpcJIrIV
— ☣️ GiletsJaunes-94 (@GiletsJaunes94) 27 décembre 2018
Le jour de l'an en ligne de mire
Si plusieurs "gilets jaunes" promettent qu'ils "ne lâcheront rien" avant d'avoir obtenu gain de cause, d'autres sont plus tempérés et reconnaissent faire une pause ce samedi. Mais d'après eux, la mobilisation pourrait repartir fortement dès le début de l'année 2019, au 1er janvier à minuit sur les Champs-Elysées, à Paris. Un groupe Facebook "gilets jaunes", qui regroupe plusieurs milliers de personnes, assure vouloir ainsi "continuer la lutte pacifiquement et de façon festive."
À Bordeaux, un "acte 8" est également annoncé sur les réseaux sociaux pour le réveillon du Nouvel an et pourrait se dérouler sur le pont d'Aquitaine, selon Sud Ouest.
Quid des soldes ?
Le président de la Confédération des commerçants de France, Francis Palombi, a suggéré cette semaine d'avancer la date du début des soldes au 2 janvier, au lieu du 9 comme prévu initialement. "Compte tenu des circonstances exceptionnelles et de la grosse perte chez les indépendants, cela permettrait aux gens de revenir vers les magasins et moins sur Internet, et ainsi recréer de la trésorerie pour passer l'orage", a-t-il plaidé.
Le ministère de l'Économie et des Finances a indiqué jeudi qu'il déciderait d'ici lundi de répondre favorablement ou non à cette demande.