Avec 28.600 manifestants recensés en France, dont 3.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, les "gilets jaunes" ont connu la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement samedi.
Une semaine avant la mobilisation cruciale du 16 mars, au lendemain de la fin officielle du "grand débat national", les "gilets jaunes" espéraient relancer leur mouvement après un "acte 16" marqué par une baisse de la mobilisation. Une nouvelle fois, ils ont arpenté les rues de Paris et de nombreuses villes de France, mais les manifestants contre la politique d'Emmanuel Macron ont connu samedi la plus faible mobilisation depuis le début de la contestation.
Une mobilisation en baisse
Alors que lors de l'"acte 15", les "gilets jaunes" avaient réussi à enrayer la baisse continue de la mobilisation entamée depuis plusieurs semaines, ils n'avaient pas pu rééditer la performance lors de l'"acte 16". Le 2 mars, le ministère de l'Intérieur avait comptabilisé 39.300 manifestants en France, dont 4.000 à Paris. Et ce samedi, la baisse a été encore plus importante. Avec 28.600 manifestants recensés en France, dont 3.000 à Paris, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, des chiffres régulièrement contestés par les manifestants, les "gilets jaunes" ont connu la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement. Très loin des débuts, lorsque 282.000 personnes avaient investi ronds-points et villes de France le 17 novembre.
À Paris, une manifestation scindée en deux et un sit-in qui tourne court
Au lendemain de la journée internationale du droits des femmes, les "gilets jaunes" présents à Paris ambitionnaient de "faire converger toutes les mobilisations". Ainsi, aux traditionnels manifestants se sont joints des femmes mobilisées contres les violences sexistes, parfois vêtues de violet, mais également des "gilets roses", portée par des assistantes maternelles venues protester contre la réforme de leur indemnisation chômage.
Cette convergence a finalement provoqué la scission du rassemblement. Si le cortège mené par les femmes s'est bien mis en route sur un parcours autorisé, et a défilé dans le calme jusqu'à environ 16 heures, plusieurs centaines de manifestants ont préféré rester en haut des Champs-Élysées, où ils sont restés massés pendant plusieurs heures, sous l'étroite surveillance des forces de l'ordre. En fin de journée, quelques heurts ont éclaté, et les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants. Presque tous avaient quitté la place aux alentours de 20 heures. Au total, la préfecture de Police a évoqué 19 interpellations.
Un autre projet des "gilets jaunes" n'a pas tenu ses promesses. Certains avaient prévu de participer à un sit-in au Champ-de-Mars, qui devait durer de vendredi soir à dimanche. Mais dès vendredi soir, les forces de l'ordre ont empêché toute installation près de la Tour Eiffel, alors qu'une trentaine de personnes étaient présentes. À défaut, une poignée de "gilets jaunes", dont Priscillia Ludosky, se sont rassemblés avec des militants écologistes près du monument dans la matinée.
À l'aéroport de Roissy, des "gilets jaunes" ont protesté en dansant contre le projet de privatisation d'Aéroports de Paris, sous le regard amusé des touristes.
En régions, une mobilisation plus faible et des heurts
Une nouvelle fois, des rassemblements importants ont eu lieu à travers toute la France, même si la mobilisation s'est avérée en baisse. Des manifestations se sont notamment déroulées sans incident majeur à Lyon, où 400 personnes étaient présentes au départ du cortège, place Bellecour, selon Le Progrès, ou à Marseille, avec quelques centaines de personnes qui se sont élancées du Vieux-Port. D'autres rassemblements ont également eu lieu à Saint-Brieuc, Rouen, Dijon, Lille, Strasbourg ou encore Nancy.
La mobilisation était en légère baisse à Bordeaux, traditionnel bastion du mouvement, où quelque 4.000 personnes étaient encore rassemblées lors de l'"acte 16". Les "gilets jaunes" étaient moins nombreux cette fois-ci, selon l'AFP, mais France Bleu évoque à nouveau près de 4.000 personnes. Selon la préfecture, 18 personnes ont été interpellées pour "détention de matériels offensifs, dégradations de biens publics, jets de projectiles sur les forces de l'ordre et outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique". A Toulouse, autre foyer historique de la contestation, la manifestation a rassemblé entre 3.000 et 4.000 personnes selon La Dépêche du midi, qui évoque une mobilisation "en demi-teinte".
À Quimper, des heurts ont éclaté en marge de la manifestation régionale qui comptait dans ses rangs près de 800 personnes. La préfecture a fait état de neuf interpellations et d'un blessé à la jambe chez les forces de l'ordre, tandis que les pompiers ont évoqué deux blessés légers, dont un homme, touché à l'arcade sourcilière.
Douze personnes ont été interpellées à Caen, où entre 950 personnes, selon la police, et 1.500, selon les "gilets jaunes", ont battu le pavé lors d'une manifestation non déclarée. Des vitrines ont été dégradées, tout comme des voitures de police, la préfecture évoquant "environ 200 manifestants, en plusieurs groupes, très mobiles et décidés à en découdre avec les forces de l'ordre".
Enfin, des échauffourées ont aussi eu lieu à Nantes. Cette fois, la manifestation n'avait pas lieu dans le centre-ville, mais près du centre commercial Atlantis, situé à Saint-Herblain, en banlieue ouest. Un groupe d'une trentaine de personnes a pénétré brièvement dans le bâtiment, obligeant les forces de l'ordre à intervenir pour les faire sortir. La police a procédé à trois interpellations pour jets de projectiles, selon la préfecture. Un peu plus tôt, des heurts avaient déjà éclaté.