L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l'agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France ont indiqué lundi que le fichier informatique recensant les blessés pris en charge lors de certains événements, dont plusieurs manifestations de "gilets jaunes", comportait quelques "patients fictifs" créés pour une formation.
L'AP-HP reconnaît un usage "inapproprié" de son outil
Mises en cause depuis deux semaines par des révélations du Canard enchaîné sur l'utilisation du système d'information pour le suivi des victimes (SI-VIC) dans le cadre du mouvement des "gilets jaunes", l'AP-HP et l'ARS avaient d'abord rejeté des accusations de "fichage", puis reconnu un usage "inapproprié" de cet outil et lancé une mission d'enquête le 25 avril.
Mis en place après les attentats de 2015, le SI-VIC a pour but de faciliter l'identification et la prise en charge des victimes "dans les cas de situation sanitaire exceptionnelle".
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Dix patients fictifs pour l'instant
À peine démarré, le "travail préalable de recueil d'informations" a déjà permis d'établir que "10 patients fictifs" ont été "intégrés par erreur" au SI-VIC "dans le cadre d'une formation", ont précisé les deux institutions dans un communiqué commun. Preuve de la bévue, ces "avatars avec des identités fictives" ont été "affublés de caractéristiques fantaisistes" tels que "chaussettes vertes à petits pois" ou "fausse rousse ? grande mince adore les ballades".
Par ailleurs, un patient réel a été "mentionné comme 'décédé' alors qu'il était rentré à son domicile, à la suite d'une erreur de saisie qui a été corrigée dès qu'elle a été détectée".
Des cas qui s'ajoutent aux commentaires "inappropriés" déjà admis par l'AP-HP pour "plus d'une dizaine de patients" dont les fiches mentionnaient le type de blessure ou leur origine ("tir flash-ball", "coup de matraque").
Quand l'outil a-t-il été utilisé ?
Au total, environ 200 personnes ont été enregistrées dans le SI-VIC depuis le début de l'année, à l'occasion d'une douzaine d'événements, dont trois manifestations de "gilets jaunes", mais aussi l'explosion de la rue de Trévise en janvier, le marathon de Paris mi-avril, ainsi que plusieurs incendies, a précisé François Crémieux, directeur général adjoint de l'AP-HP. Le fichier avait auparavant été utilisé à quatre reprises lors de manifestations de "gilets jaunes" en novembre et décembre 2018.
La mission d'enquête, chargée de "retracer les usages du SI-VIC ces dernières semaines", doit s'achever début juin, avec "un point d'étape mi-mai", a annoncé François Crémieux.