"Gilets jaunes", motards, manifestants revendiquant "le droit à un logement digne" ou encore sympathisants de la CGT: plusieurs milliers de personnes ont protesté samedi dans les rues de Marseille, avant qu'éclatent des débordements avec des scènes de pillage.
Vingt et une personnes ont été interpellées, a indiqué la préfecture de police vers 21h, notamment pour les pillages d'une boutique de téléphonie et d'une bijouterie ainsi que pour l'incendie d'un véhicule de police sur la Canebière. Des palissades de chantiers et des poubelles ont également été brûlées. À la gare Saint-Charles, la Fnac a été vandalisée et les décorations de Noël arrachées par "des casseurs qui n'avaient pas de 'gilets jaunes'", a indiqué une porte-parole de la SNCF.
Des affrontements sur le Vieux-Port. Les affrontements avec les forces de l'ordre qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène ont débuté peu de temps après le rassemblement des différents cortèges sur le Vieux-Port dans la soirée. Selon la préfecture de police, les différentes manifestations ont réuni 300 "gilets jaunes", 100 motards et environ 350 manifestants appelés par la CGT à se mobiliser pour réclamer un changement de la politique du gouvernement.
Une voiture de police a été incendiée devant le commissariat de Noailles à #Marseillepic.twitter.com/RXfm2GGjFc
— La Provence (@laprovence) 1 décembre 2018
Mobilisation contre les logements insalubres. Ils étaient également quelques milliers à s'être mobilisés contre les logements insalubres, à l'appel du "Collectif du 5 novembre". Près d'un mois après l'effondrement d'immeubles vétustes du centre-ville qui a provoqué la mort de 8 personnes les manifestants ont une nouvelle fois crié leur colère contre le maire de Marseille en scandant "Gaudin démission". Dans ce cortège, de nombreuses pancartes demandaient la réquisition de logements vides afin d'installer les habitants qui ont été évacués depuis le drame (1.554 personnes selon la mairie). "Si je peux comprendre la colère de certains, je condamne néanmoins avec la plus grande fermeté des débordements qui ne résolvent en rien la situation particulièrement douloureuse que vivent les personnes sinistrées. Rien ne peut justifier d'ajouter encore du drame au dame", a réagi dans un communiqué le maire Jean-Claude Gaudin suite aux échauffourées.
Les "gilets jaunes" sur le port. Déambulant depuis le milieu de matinée dans les rues de la ville, les "gilets jaunes" ont eux aussi manifesté leur mécontentement en rejoignant notamment le centre commercial des terrasses du port qui a été aussitôt fermé. "On en a ras-le-bol des injustices sociales", a déclaré Sandrine, une institutrice de 40 ans, divorcée et mère de deux enfants. "On galérait chacun de notre côté et ce mouvement nous a permis de trouver de la solidarité et de nous lier dans la difficulté", a poursuivi la manifestante.
Vers une convergence des luttes ? "Ce qui va se produire c'est une convergence des luttes (...). Plus le pouvoir joue le pourrissement en espérant que les gens vont se lasser (...) et plus les gens mettent dans leurs luttes des aspirations de plus en plus amples", a déclaré lors d'une conférence de presse le leader de LFI et député des Bouches-du-Rhône Jean-Luc Mélenchon, qui a rejoint les manifestants dans l'après-midi.
Toujours dans le Sud-Est, plusieurs personnes ont été interpellées à Nice après des heurts de "gilets jaunes" avec la police, a indiqué la préfecture des Alpes-Maritimes. Dans l'Hérault, l'autoroute A9 a été coupée entre Béziers et Sète après l'envahissement des voies dans la matinée et quelque 500 "gilets jaunes" ont défilé dans le centre-ville de Montpellier.