Deux châteaux viticoles du Bordelais ont été mis en examen récemment pour des épandages dans une commune du nord-Gironde, qui avaient provoqué en 2014 des malaises et nausées dans une école proche, a-t-on appris mardi de sources concordantes. Les domaines d'appellation Côtes de Bourg, Château Escalette et Château Castel La Rose ont été mis en examen le 17 octobre pour "usage inapproprié de produits phytopharmaceutiques", dans le cadre d'une information judiciaire ouverte fin 2015 par le parquet de Libourne, a-t-on indiqué de source proche du dossier, précisant une information du quotidien Sud Ouest.
Des malaises, des maux de gorge... En mai 2014, une vingtaine d'enfants et une enseignante d'une école primaire de Villeneuve-de-Blaye avaient été pris de malaises, ou s'étaient plaints de picotements aux yeux, de maux de gorge, à la suite de l'épandage de fongicides sur des vignes proches. Ils avaient été confinés dans les locaux scolaires et l'Agence régionale de santé avait été alertée. Une enquête administrative avait établi que les produits utilisés ce jour-là étaient autorisés, régulièrement utilisés en viticulture, mais suggérait que l'épandage "à proximité de l'école s'est déroulé dans des conditions inappropriées sans qu'aient été prises toutes les précautions pour le voisinage". Deux domaines, l'un certifié bio, l'autre conventionnel, avaient traité ce jour-là sur leurs parcelles.
D'abord classé sans suite. Après avoir initialement classé l'affaire sans suite, la justice avait ouvert une information judiciaire contre X, après plainte d'une fédération d'associations de défense de l'environnement du Sud-Ouest, la Sepanso, qui s'est constituée partie civile, suivie par l'association Génération Futures, qui lutte contre le recours aux pesticides dans l'agriculture et plus particulièrement dans la viticulture. De source proche du dossier, on souligne que le contexte du vent et le dépassement ou pas de la surface, deux notions-clés dans l'usage de pesticides, sont au cœur du dossier, non la nocivité des produits. Car les deux utilisés, en "bio" comme en conventionnel, étaient bien autorisés, même s'ils comportent des mises en garde sur un risque de nocivité.
"On poursuit les excès". "On ne poursuit pas la viticulture, on poursuit ses excès", a souligné Me François Ruffié, avocat de la Sepanso, pour qui il s'agit surtout d'un "conflit d'usage", de non-respect d'un Code rural "qui est d'ailleurs bien fait" s'agissant des pesticides. Les conseils des châteaux concernés n'étaient pas joignables mardi matin. Le 27 octobre, le Premier ministre, Manuel Valls, avait indiqué que le futur arrêté en préparation réglementant l'usage de pesticides sera "pour l'essentiel" celui de 2006, retoqué sur la forme par le Conseil d'Etat, mais avec des portes ouvertes à des précautions nouvelles, liées à la technologie, aux pratiques.