Le glyphosate peut être remis en vente dans l'UE jusqu'en 2022. Une décision votée lundi à Bruxelles et contre laquelle s'est opposée la France. Dans la foulée, Emmanuel Macron a affirmé dans un tweet qu'il voulait une interdiction en France de cet herbicide controversé "au plus tard d'ici trois ans". Invitée d'Europe Bonjour, Eric Thirouin, secrétaire général adjoint et président de la commission environnement de la FNSEA, a salué mardi une décision européenne "qui est empreinte de pragmatisme avec tous les avis favorables des agences de santé", et fustigé la position du président de la République. "La France décide de revenir au nationalisme avec des mesures franco-françaises", a-t-il déploré.
Une position "unilatérale". "Ça fait deux ans qu'il y a une bagarre pour avoir une position ferme sur cette ré-homologation du glyphosate. Il y a une majorité pour le faire et la France, toute seule, deux heures après, décide de faire une mesure franco-française. Et les agriculteurs là-dedans, qu'est ce qu'ils deviennent monsieur le président ?", interroge Eric Thirouin. "Je ne comprends vraiment pas l'attitude de la France, unilatérale", déclare-t-il, alors que dix-huit pays ont voté pour la ré-homologation du glyphosate, neuf contre et un s’est abstenu.
Un problème de concurrence. Pour ce syndicaliste, cette prise de position met en place "une vraie distorsion de concurrence". "On va interdire le glyphosate en France et on va l’autoriser en Allemagne, en Belgique et dans tous les autres pays ?", pointe-t-il. Dénonçant ce qu'il estime être une incohérence de la politique commerciale et économique française, Eric Thirouin cite également l'exemple de l'accord de libre échange conclut avec le Canada et qui permet d'importer des produits dont l'utilisation est pourtant prohibée en France. "Dans l'accord du Ceta, il y a 46 substances interdites en France qui sont autorisées à venir en France du Canada. On dénonce la distorsion de concurrence créée par la France".
Trouver des alternatives. "Nous, il nous semble que la solution d'avenir ce ne sont pas les interdictions avec des impasses", explique encore ce représentant du monde agricole qui invite les organisations agricoles à plancher main dans la main sur des alternatives au glyphosate, de manière a pouvoir apporter des solutions concrètes au gouvernement. "On a décidé avec trente organisations agricoles, il y a une dizaine de jours, de lancer un contrat de solution. On veut un soutien fort du gouvernement pour nous aider à trouver des solutions et non pas des interdictions : par exemple, la recherche variétale, les solutions de bio-contrôle à booster, le numérique, les robots pour désherber", liste-t-il.
"D'ici le premier trimestre 2018, on va travailler à la signature de ce contrat et j'espère que, d'ici là, le gouvernement nous réponde favorablement de manière à construire un avenir pour répondre aux attentes de la société avec les agriculteurs français", conclut Eric Thirouin.